Le bilan et le compte-rendu du débat public reviennent notamment sur les méthodes employées par le promoteur qui ont fortement dégradé son image auprès des Guyanais. La CNDP a ainsi constaté la "très grande méfiance de la population à l’égard du maître d’ouvrage" et des “opinions exprimées généralement hostiles au projet".
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Par exemple, l’absence du promoteur à une réunion organisée par la CPDP dans un village amérindien, considérée comme "une très grave erreur du maître d’ouvrage". De même, l’absence de considération pour les peuples autochtones est vivement dénoncée par la présidente qui juge "la volonté de discréditer la parole des populations autochtones en totale contradiction avec les principes du débat public".
La CNDP s’interroge encore sur "plusieurs questions techniques" qui mettent fortement en doute "la faisabilité du projet". D’autre part, le maître d’ouvrage "n’a pas su rassurer sur sa capacité à maîtriser les risques inhérents à ce type de projet industriel", poursuit la Commission. Globalement, le bilan évoque un projet "mal posé et mal porté par ses promoteurs".
Plusieurs points de vigilance relevés
Ainsi, la CNDP a relevé plusieurs points de vigilance dans le cas où le maître d’ouvrage déciderait de mener à bien ce projet : l’amélioration de la transparence, l’approfondissement des mesures de gestion des risques, favoriser les solutions minimisant les impacts, tenir compte des recommandations du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), tester plusieurs hypothèses sur les éléments sensibles du projet et "ne pas sous-estimer l’importance du respect des lieux de mémoire".
7 Guyanais sur 10 opposés au projet
Les conclusions semblent donner raison à l’opinion publique, qui, à travers un sondage IFOP publié à la clôture du débat public, révélait que 72% des Guyanais déclarent ne pas avoir été convaincus par la Compagnie Montagne d’Or (CMO) pendant le débat public (un taux qui monte à 81% dans l’arrondissement de Saint-Laurent-du-Maroni, ville rattachée au projet et épicentre des débats).
Pour rappel, le gouvernement français avait lui aussi demandé des éclaircissements au mois de juillet dernier. La présidente du CNDP Chantal Jouanno souligne enfin qu’il serait opportun de mener un débat public concernant les modalités de l’exploitation de l’or en Guyane. "Ce projet, quelles que soient ses qualités, ne saurait progresser sans une clarification des choix nationaux sur l’exploitation de l’or", estime-t-elle en conclusion du bilan.