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TERRITOIRES

Julien Lahaie : « Le Covid va accélérer la mutation de la Vallée de la chimie »

PUBLIÉ LE 25 JUIN 2020
AGNÈS BRETON
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Julien Lahaie : « Le Covid va accélérer la mutation de la Vallée de la chimie »
La Vallée de la chimie est engagée depuis 2013 dans la réindustrialisation. Objectif : verdir cette plateforme industrielle de 400 ha localisée au sud de Lyon. La crise liée au Covid-19 aurait pu mettre à mal cet élan. Au contraire, la transformation semble s’accélérer. Rencontre avec Julien Lahaie, directeur de la mission Vallée de la chimie.
 
 
Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est la Mission Vallée de la chimie ?
Rattachée à la Métropole du Grand Lyon, la Mission Vallée de la chimie a été créée en 2013, à la demande des industriels installés sur ces 400 ha situés au sud de Lyon. Notre équipe d’une dizaine de personnes joue un rôle d’ensemblier pour assurer le développement économique et industriel de la plateforme afin d’accroître sa compétitivité, mais aussi en améliorer le cadre de vie. Développer cette stratégie a nécessité la mise en place de plusieurs outils. Le principal, l’Appel des 30, vise l’installation de nouveaux projets sur la plateforme en les sélectionnant dans le cadre d’un appel à projets. Nous en sommes au troisième depuis 2014. Une trentaine de projets ont ainsi été retenus    sur les 71 projets déposés. Ils visent à réindustrialiser la plateforme avec des activités innovantes dans les secteurs de la chimie, de l’énergie et de l’environnement.
 
Quels sont les profils des industriels qui vont vous rejoindre ?
L’Appel des 30 vise à sélectionner des entreprises mettant en œuvre des écotechnologies. Parmi les industriels qui vont rejoindre la vallée se trouvent Carbios, qui va y installer son pilote industriel de recyclage chimique du plastique, Symbio, qui va construire son unité de production de piles à combustible pour les véhicules à hydrogène, ou encore Deltalys, qui propose des solutions de traitement du biogaz. Les industriels qui s’installent sont la preuve que la chimie est de plus en plus décarbonée et de plus en plus biosourcée.
 
En matière d’énergie, quels sont les projets ?
La plateforme ambitionne de devenir l’usine énergétique de la métropole afin de produire l’énergie verte dont elle a besoin. La Compagnie nationale du Rhône va installer un électrolyseur pour produire de l’hydrogène à partir de l’électricité générée au niveau du barrage de Pierre-Bénite. L’énergie aura aussi pour origine des installations photovoltaïques ou la récupération de la chaleur fatale liée aux process des industriels. Depuis 2018, nous travaillons à un réseau de chaleur urbain alimenté par cette énergie qui, pour l’instant, est perdue. Ce projet collaboratif public-privé entre la Métropole de Lyon et les industriels pourrait voir le jour entre 2023 et 2025, pour chauffer des logements proches.
 
Une mauvaise image colle à la Vallée de la chimie. Que comptez-vous faire pour l’améliorer ?
Le paysage est le troisième volet sur lequel nous travaillons. Le risque technologique est très présent dans la vallée, puisque nous comptons une dizaine de sites Seveso seuil haut et qu’environ 100 000 habitants d’une dizaine de communes alentours sont concernés par un plan de prévention des risques technologiques. Ces zones très exposées, où personne ne peut s’installer, pourraient devenir des friches. Or, ce sont autant d’opportunités pour construire un paysage productif, c’est-à-dire un paysage à valeur environnementale ou économique. Sur ces espaces seront installés des démonstrateurs de dépollution des sols ou des projets de création de terres fertiles où seront valorisées les terres extraites sur les grands chantiers de la Métropole, par l’exemple lors de l’extension du métro vers Saint-Genis-Laval. En y ajoutant des limons et du compost, elles deviendront fertiles. D’autres zones seront transformées en forêts à croissance rapide en plantant des taillis à courte rotation (TER). Après neuf ans, ces arbres seront coupés et alimenteront des chaufferies locales à biomasse. Ainsi, nous pourrons transformer la contrainte liée aux risques technologiques en avantages. Le Covid va assurément permettre une accélération de cette mutation et une reconnexion de la Vallée de la chimie avec les habitations qui l’entourent.
 
Comment s’est justement passé le confinement ?
Les grands groupes industriels installés dans la Vallée de la chimie ont fait preuve d’agilité pendant cette période pour proposer des solutions en lien avec la situation sanitaire. Aucune installation ne s’est arrêtée. Elles ont continué à produire en adaptant leurs productions. Depuis le début du déconfinement, si elles subissent la crise, elles essayent de s’adapter pour s’orienter vers les marchés porteurs, tels que les procédés et matériaux en lien avec la santé, comme la production de paracétamol, pour aller là où le besoin est le plus important. Les industriels jusque-là tournés vers l’automobile et l’avionique tentent de se réorienter vers des sujets, comme la rénovation énergétique. Le travail de la mission est de les accompagner au jour le jour, de les aider à trouver de nouveaux collaborateurs, à améliorer leurs réseaux.
 
Une nouvelle dynamique est-elle déjà enclenchée ?
Assurément, la crise liée au Covid va accélérer la transformation de la Vallée de la chimie. L’industrie de façon générale est remise au cœur du projet citoyen. La crise a montré que c’est un secteur clé de l’économie française. Nous avons déjà des contacts post-Covid avec cinq ou six start-up. Leur intérêt pour notre plateforme repose, d’une part, sur sa localisation : ils seront ainsi au plus près des industriels qui sont leurs fournisseurs ou pourront développer avec eux des synergies, notamment en matière de recherche et développement. D’autre part, nous leur proposons une installation clé en main en termes de foncier, d’immobilier, de package d’installation, de salariés, dans un environnement favorable répondant à leurs besoins en énergie et en financements. La façon dont nous avons traversé cette crise du covid nous permet d’accréditer et de valider la feuille de route qui a prévalu à la création de notre mission. Nous allons poursuivre la densification de la plateforme sur cette chaine de valeur et nous montrer encore plus sélectifs sur les projets que nous accueillerons.
 
© Mission Vallée de la chimie
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