Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) a publié les résultats d’une série d’études qui montrent comment les milieux naturels et cultivés réagissent aux sécheresses.
« En 2018 les puits de carbone en Europe ont baissé de près de 20 %, et le rendement des cultures de 40 % au Nord et à l’Est de l’Europe », conclut une série d’études menée par le Cirad à l’échelle du continent européen, dont les résultats sont publiés dans la revue Philosophical Transactions B. L’année 2018 a été marquée par une sécheresse de grande ampleur sur le continent européen, ainsi que par des records de températures et des feux dans les pays nordiques. « Plusieurs pays ont déploré de mauvaises récoltes », soulignent les chercheurs du Cirad. « L’Europe centrale a enregistré des précipitations jusqu’à 80 % inférieures à la normale au printemps, à l’été et à l’automne, et des températures caniculaires qu’elle n’avait pas connues depuis les années 50 », ajoutent-ils. Les chercheurs se sont penché sur les impacts de cette sécheresse sur les forêts et les cultures européennes : « cette année-là en Europe, les forêts se sont protégées de la chaleur en réduisant leur évaporation et leur croissance, ce qui a entraîné une baisse de l’absorption de dioxyde de carbone. Pour ces écosystèmes, les puits de carbone ont diminué de 18 % par rapport à une année normale », révèle la série d’études. Certains écosystèmes sont passés de puits à sources de carbones. « En revanche, les tourbières réhumidifiées semblent avoir mieux survécu, notamment grâce à la croissance de nouvelles plantes », remarquent les chercheurs.
Les cultures ont d’abord profité d’un temps chaud au printemps, puis leurs racines ont manqué d’eau pendant la canicule estivale. « Avec la sécheresse, les prairies ont bruni entraînant des pénuries de foin pour le bétail, et de nombreuses cultures ont enregistré leur rendement le plus bas depuis des décennies, entraînant des pertes financières dans de nombreux secteurs d’activité », est-il précisé. Au Sud de l’Europe, les rendements ont toutefois été plus élevés que la normale, en raison « de précipitations printanières favorables ». Damien Beillouin, chercheur en agronomie et analyse de données au Cirad et un des auteurs principaux de l’étude, explique que ces « résultats montrent l’importance d’analyser les impacts du changement climatique à large échelle pour comprendre son impact sur la sécurité alimentaire ». Une analyse également primordiale pour l’anticipation de ces épisodes et l’adaptation aux changements climatiques.