Notre parc immobilier est à l’origine d’environ un quart de nos émissions de gaz à effet de serre. Or il est possible aujourd’hui de réaliser des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment, et ce pour un coût global quasiment égal à celui d’un bâtiment classique : c’est l’enjeu des bâtiments durables, dont le processus de conception, voire de réhabilitation, se cale sur l’éco- conception.
Un bâtiment durable est un bâtiment économe, soucieux de l’environnement et confortable. Il est économe en énergie, en maintenance et en coût global (en mixant technicité active et solutions passives). Il est soucieux de l’environnement intérieur comme extérieur, par son intégration au quartier ou au milieu naturel, et par le choix des matériaux de construction (éco-responsables, biosourcés, bitumineux froids, bétons bas carbone…). Il est confortable, car le climat y est maitrisé en hiver comme en été, car la lumière naturelle y est contrôlée, et parce que l’usage qu’on en fait est pris en compte dès sa conception.
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Les normes environnementales sont en perpétuelle adaptation et iI faut y voir le signe d’une prise en compte de l’urgence à agir comme à faire bouger les mentalités. Au 1er janvier 2025 notamment, elles sont nombreuses à avoir évolué : les logements classés G appartenant à des propriétaires bailleurs privés ne sont plus considérés comme décents d’un point de vue énergétique et ne peuvent donc plus être mis sur le marché locatif. Le DPE est devenu obligatoire pour les meublés touristiques et le décret tertiaire oblige les ERP à faire 60 % d’économies d’énergie à 2050. Quant aux aides types MaPrimeRénov’, ADEME, labels Eco énergie…, elles font également l’objet d‘évolutions constantes.
Toutes ces mesures vont dans le bon sens. D’autant qu’il existe, pour les soutenir, de plus en plus de solutions techniques destinées à améliorer la qualité du bâti et donc le confort, en hiver comme en été.
Mais si les solutions existent, elles sont, comme l’éco-conception, encore sous-exploitées, laissant penser que les maitres d’ouvrage ne sont pas prêts – ou pas attachés – à s’en emparer. Afin que les choses changent, il est donc essentiel de sensibiliser davantage les acteurs des métiers du bâtiment et des territoires, et de les aider à voir à plus long terme.
La mise en place de « conférences territoriales de la construction », sortes de comités locaux qui réuniraient toutes les parties prenantes (propriétaires, associations de bailleurs et de locataires, aménageurs, opérateurs, maitres d’ouvrages, élus, services de l’Etat…) permettrait sans nul doute de mieux partager les connaissances. Ces comités pourraient aller plus loin en se donnant des règles et en définissant des ambitions en matière de consommation énergétique et de gestion de l’eau. L’élaboration d’un document prescriptif annexé au PLU, tel que l’OAP (orientation d’aménagement et de programmation), mais prenant en compte des attentes environnementales plus précises et bien définies localement, constituerait par ailleurs un outil d’aide à la décision précieux. En apportant des éléments techniques et financiers, un tel document permettrait aussi de suivre l’évolution de la réglementation, et même de l’anticiper, de sorte à s’inscrire dans une politique efficace en matière de construction, au service d’un avenir durable et désirable.