Ce modèle agricole contribuerait à réduire la pollution des eaux et les émissions de gaz à effet de serre. Crédits : Pixabay
Selon une récente étude, publiée dans la revue scientifique One Earth, le développement d’un système agro-alimentaire biologique et durable en Europe, permettrait de subvenir à la demande alimentaire croissante en 2050 et de créer une cohabitation équilibrée entre l’agriculture et la biodiversité.
Changements climatiques, raréfaction de l’eau et agriculture intensive… Est-il possible de nourrir la population européenne dans de telles conditions ? Pour y répondre, les scientifiques du Cnrs ont analysé le système agro-alimentaire européen et son évolution depuis une cinquantaine d’années : « Nous explorons une approche différente systémique, basée sur le partage des terres agroécologiques, la désintensification et la recherche de l’autonomie ». Conclusion : un système agro-alimentaire biologique et durable, respectueux de l’environnement, pourrait être mis en place en Europe.
Selon ce scénario modélisé par les chercheurs, il serait possible de renforcer l’autonomie alimentaire européenne, de nourrir la population attendue en 2050, et même d’exporter les excédents de céréales vers les pays en nécessité. L’étude précise surtout que ce modèle agricole contribuerait à réduire la pollution des eaux et les émissions de gaz à effet de serre issues de l’agriculture industrielle.
Trois leviers d’action pour une agriculture équilibrée
Pour se rapprocher de ce modèle durable, l’étude mentionne trois leviers d’action : changement de régime alimentaire, adoption de l’agroécologie, et rapprochement entre culture et élevage.
Le premier se repose sur un changement de régime alimentaire. Cela implique de réduire la consommation issue de produits animaliers afin de « limiter l’élevage hors sol et de supprimer les importations d’aliments pour le bétail ». Ce constat est également conforme aux prescriptions de l’Organisation internationale pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui souligne que « l’adoption d’une alimentation saine prenant en compte des considérations de durabilité au niveau de l’ensemble du système alimentaire peut permettre de réduire la consommation d’eau liée à l’alimentation».
Ensuite, l’application des principes de l’agroécologie, avec la généralisation de rotations de cultures longues et diversifiées. Cela nécessite l’intégration des légumineuses fixatrices d’azote, ce qui permettrait de se passer des engrais azotés de synthèse comme des pesticides.
Le dernier levier propose de lie la culture des terres et l’élevage de bétail, « souvent déconnectés et concentrés dans des régions spécialisés ». Ce rapprochement permettra un recyclage optimal des déjections animales. « Pour assurer la pleine connexion avec les systèmes de culture, le bétail doit être nourri de façon locale, sans importation d’aliments, et ses excréments doivent être retournés dans les terres cultivées », font savoir les chercheurs dans l’étude.