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TERRITOIRES

« La trajectoire d’adaptation doit être pensée à partir de la garantie des droits humains »

PUBLIÉ LE 18 JUILLET 2024
PROPOS RECUEILLIS PAR PAULINE FRICOT
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« La trajectoire d’adaptation doit être pensée à partir de la garantie des droits humains »
Maisons inondées à Triel sur Seine, dans les Yvelines / Crédits : AdobeStock
L’impréparation des politiques climatiques favorise les plus riches. Tel est le constat du dernier rapport d’Oxfam portant sur l’adaptation de la France au réchauffement climatique, publié le 15 juillet. Attention à la maladaptation, alerte l’étude, qui provoque une gentrification verte et une hiérarchisation des territoires dans les politiques d’adaptation. Rencontre avec Quentin Ghesquière, co-auteur du rapport.


Vous appelez dans le rapport à être vigilant au sujet de la gentrification verte. De quoi s’agit-il ?


La gentrification verte est une maladaptation : elle renforce la protection de certaines catégories de la population, mais en exclut d’autres.
 
La végétalisation des villes en est l’un des exemples. Si les projets de verdissement urbain sont mal pensés, la végétalisation de la ville entraîne un accroissement des prix du marché immobilier. Les populations les plus précaires sont contraintes de déménager en périphérie, zone souvent artificialisée et peu végétalisée - soit parce qu’elles n’ont plus les moyens d’accéder aux logements, soit parce qu’elles n’ont plus les moyens de vivre dans le quartier du fait de la gentrification. À Angers par exemple, l’augmentation de 10 % de la densité des espaces verts a entraîné une valorisation moyenne de 1,3 % des prix immobiliers.

 
Alors, comment opérer la végétalisation nécessaire des espaces urbains, sans risquer de pénaliser les plus précaires ?
 
Les facteurs déterminants sont la communication ciblée autour d’un quartier et la rareté de la végétalisation. Une étude montre que pour éviter la gentrification verte, il est important d’appliquer des politiques à toutes les échelles du territoire : c’est-à-dire végétaliser les quartiers populaires en même temps que les quartiers plus aisés.
 
Le développement des mobilités douces suit le même modèle. Il faut veiller à ne pas développer la mobilité douce dans certains quartiers tout en conservant l’usage de la voiture dans d’autres. Et ce d’autant plus que les mobilités douces comportent des co-bénéfices majeurs : baisse de la pollution en l’air et de la pollution sonore, hausse du bien-être des habitants et de l’attractivité du territoire…
 
Le rapport évoque même une certaine hiérarchisation des territoires concernant la mise en œuvre des politiques d’adaptation...  
 
C’est ce que nous avons constaté lors des discussions autour du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique. Nous nous sommes demandé pourquoi les mêmes thématiques revenaient régulièrement dans les échanges, comme le tourisme.
 
La réalité, c’est qu’il y a des intérêts économiques majeurs dans certains territoires, notamment dans les régions touristiques. L’adaptation de la montagne est par exemple souvent évoquée par le prisme du ski. Or, le ski ne doit absolument pas être l’alpha et l’oméga de l’adaptation : il y a 44 millions de personnes qui sont menacées directement par les inondations, aujourd’hui, en France !
 
L’industrie du tourisme du littoral est elle aussi menacée avec la montée des eaux. Et alors que des villes riches et touristiques comme Saint-Malo ont les moyens de mettre en place des politiques d’adaptation –une réflexion est par exemple en cours sur le rehaussement de la digue - , ce n’est pas le cas pour d’autres. Dans le Nord par exemple, la mer s’infiltrera par les villes de Dunkerque, Boulogne-sur-mer, ou Calais. Or, celles-ci connaissent une pauvreté plus élevée, et les moyens sont donc plus limités. Les infrastructures seront pourtant largement menacées : 10 000 infrastructures publiques pourraient aussi être gravement affectées, parmi lesquelles 275 hôpitaux et 243 maisons de retraite d’ici 2100.
 
Tous les territoires n’ont pas les moyens financiers de se doter d’un plan d’adaptation. Ce que nous constatons, c’est que la plupart des collectivités ont conscience de l’ampleur du problème, mais font avec les moyens du bord. Elles ont besoin d’un soutien massif, financier et humain, que l’État aujourd’hui n’assume pas sur le terrain.
 
Comment garantir la mise en œuvre de mesures d’adaptation justes et efficaces ?
 
Nous souhaitons aller plus loin avec la création d’une institution par territoire dédiée à l’adaptation, à l’image d’une convention citoyenne contraignante, où les citoyens décideraient des mesures à adopter. Il n’y a pas mieux que l’échelle de la collectivité pour cibler la meilleure façon de s’adapter.
 
Mais ces institutions ne peuvent pas exister en silo. Elles doivent être coordonnées à l’échelle nationale, puisqu’il y existe de bonnes et de mauvaises appréciations, une bonne et une mauvaise adaptation. C’est à l’État de prendre ce rôle de coordinateur, puisqu’il est le garant des droits fondamentaux.
 
Ce que nous soutenons, c’est que les politiques d’adaptation ne doivent pas seulement être pensées en fonction d’une trajectoire, mais aussi et surtout à travers un prisme : celui de la garantie des droits humains. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ces droits sont déjà menacés, et dépassés dès qu’un événement climatique extrême se produit, comme les inondations dans le Pas-de-Calais. Les dégâts provoqués sont le résultat d’une inaction de l’État : le Giec a alerté sur la hausse des précipitations au nord de l’Europe avec le réchauffement climatique, et pourtant l’artificialisation des sols, qui aggrave les inondations, s’est par exemple poursuivie. 
 
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