C’est une première mondiale. Le 9 février, les Suisses sont appelés aux urnes pour se prononcer sur l’initiative populaire : « pour une économie responsable respectant les limites planétaires (initiative pour la responsabilité environnementale) ».
C’est la première fois qu’un pays est invité à voter sur l’encadrement de l’économie pour les respect des limites planétaires.
La proposition, qui est parvenu à récolter plus de 100.000 signatures – condition nécessaire pour l’organisation d’une initiative nationale - cite notamment la prise en compte du réchauffement climatique, de la perte de la diversité biologique, la consommation d’eau, l’utilisation du sol et les apports d’azote et de phosphore. La Suisse aurait 10 ans pour encadrer son économie.
Les discussions autour de cette initiative ont commencé en 2020. « L’objectif était de s’attaquer à la racine du problème. Il est évident qu’il nous fallait une initiative d’ordre économique », explique Margot Chauderna, coprésidente des Jeunes Vert·e·x·s, parti à l’origine de la proposition.
L’exécutif et le Parlement disent « non »
Le Conseil fédéral et le Parlement se sont prononcés contre l’initiative. « Elle entraînera de nouvelles prescriptions et interdictions qui réduiront fortement la consommation, affaibliront l’économie et provoqueront un renchérissement de nombreux produits et services. C’est pourquoi le Conseil fédéral et le Parlement souhaitent continuer de mettre en œuvre la politique environnementale actuelle », a développé le Conseil Fédéral sur son site internet. Il mentionne également la « brièveté du délai », qui nécessiterait de « prendre des mesures radicales ».
« ll est absurde de mettre la compétitivité avant la durabilité, réagit Margot Chauderna. En visant la croissance infini, on grignote les ressources, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. L’économie doit pourtant garantir bien-être de la population. En Suisse, nous avons les moyens, nous sommes l’un des pays les plus riches au monde ! Nous avons tout pour être à l’avant-garde ».
Selon un sondage réalisé par le journal 20 minutes et Tamedia en décembre, le « non » l’emporte largement, avec 67 %, et 32% de « oui ». Margot Chauderna souligne la difficulté à occuper la scène médiatique : « ça reste l’initiative de jeunes entre 15 et 30 ans. C’est moins pris au sérieux. Nous avons dû forcer la main pour organiser de vrais formats de débats », explique-t-elle.
Elle reste néanmoins optimiste. « C’est un gros projet, et nous avons quand même obligé Albert Rösti, à la tête du Département fédéral de l’environnement et ex-lobbyiste pour l’énergie fossile, a discuté des limites planétaires. Cette initiative a aussi permis de faire de la vulgarisation ».