Aussi nommés « compteurs intelligents », les nouveaux dispositifs de relève de consommation d'énergie, dont Linky (Enedis) et Gazpar (GRDF), doivent progressivement remplacer les compteurs actuels. Permettant de communiquer la consommation d'énergie et les données du compteur en temps réel avec les gestionnaires de réseaux, leur mode de connexion via courant porteur ligne (CPL) est vivement critiqué. En cause : les ondes électromagnétiques émises, qui seraient nocives pour la santé. L'étude a donc été commandée à l'Anses par la Direction générale de la santé, dans l'objectif de rassurer sur les effets sanitaires de ces compteurs, d'autant que ces ondes ont été classées « cancérogènes possibles » par l'OMS. Ce nouveau rapport confirme les conclusions de l'Agence nationale des fréquences (ANFR) : le rayonnement des ondes électromagnétiques du CPL est bien en-dessous des normes françaises. Le présent rapport estime le champ magnétique de Linky à 3,9 Volt/mètre, soit 22 fois moins que le maximum réglementaire établi à 87 Volt/mètre. Les ondes ainsi émises par le compteur Linky seraient moins nocives que celles d'une plaque à induction. A peine publié, ce rapport a très vite été accusé de faire le jeu des distributeurs, notamment par Michèle Rivasi, co-fondatrice du Centre de Recherche et d'Information Indépendant sur les Rayonnements Electromagnétiques (Criirem) et députée européenne. Elle dénonce dans un communiqué « les limites légales d'exposition aux ondes électromagnétiques, calculées sur des critères purement techniques et non sanitaires ». Considérant le nombre grandissant de personnes diagnostiquées électro-hypersensibles, l'utilité de ces nouveaux compteurs est aussi fortement remise en question par de nombreuses associations telles que Robin des Toits. Le rapport de l'Anses reste d'ailleurs prudent et précise qu'il tient compte du « peu de connaissance des autres signaux véhiculés sur le réseau électrique dans la bande de fréquence Linky » ou de « l’attente des résultats des mesures demandées au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment ». Par ailleurs, l'Anses conclut, « qu'aucune étude de provocation en double insu n’ayant été menée sur des expositions aux champs électromagnétiques émis par les compteurs et/ou aux fréquences utilisées par ces dispositifs, il parait utile que des études portant spécifiquement sur les compteurs communicants tentent de faire la part entre de possibles effets sanitaires et le rôle éventuel d’un effet nocebo ». Une remarque qui ne passe pas auprès de Robin des Toits, qui trouve « inacceptable de mettre les effets ressentis par les personnes électro-hypersensibles sur le compte de la crainte liée à l'impact médiatique de la controverse ». Michèle Rivasi demande donc à ce qu'une étude contradictoire soit menée avec des laboratoires indépendants, « pour affiner les premiers résultats obtenus par l'Anses », tout en tirant la sonnette d'alarme sur « le brouillard d'ondes dans lequel nous vivons et à propos duquel nous devons être très vigilants ». Alors, effets sanitaires ou pas ? La controverse n'est toujours pas tranchée. Eva Gomez