La course de fond s'achève. Du 4 au 7 mai, les députés examinent le projet de loi Grenelle 2. Il aura fallu beaucoup d'endurance aux porteurs de cette réforme emblématique pour défendre pied à pied les ambitions d'un projet de loi sapé par les lobbies industriel et agricole, affaibli par la crise économique et ballotté par la vague d'écolo-sceptisme. Une triple érosion révélatrice des contradictions d'un Parlement peinant à traduire concrètement des engagements pourtant adoptés à l'unanimité dans le cadre de la loi d'orientation du Grenelle en juillet 2009. Le chemin qui reste à parcourir est donc parsemé d'embûches.
Depuis la présentation en Conseil des ministres le 7 janvier 2009 du projet de loi « portant engagement national pour l'environnement », voté au Sénat en octobre, les 250 articles ont été disséqués par les commissions du développement durable et des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Une centaine d'auditions, 1 625 amendements déposés, 619 adoptés, et encore beaucoup de points de friction et d'interrogation : l'acceptabilité sociale de l'éolien revendiquée par Patrick Ollier sonnera-t-elle le glas d'une filière pourtant essentielle à l'atteinte de 23 % d'énergies renouvelables en 2020 ? La diminution de 50 % des pesticides en 2018 sera-t-elle imposée ? La trame verte et bleue sera-t-elle juridiquement opposable ? « La loi Grenelle 2 est une boîte à outils destinée à décliner localement les engagements et à entériner grâce au principe de gouvernance à cinq », explique Benoît Hartmann, de France Nature Environnement. C'est donc cette diffusion à l'échelle des territoires - illustrée par l'enquête sur la biodiversité en ville - qui va se jouer avec ce texte, avec une adoption attendue cet été après que députés et sénateurs se seront accordés en commission mixte paritaire. Une ligne droite destinée, nous l'espérons, à se ramifier et à irriguer le terrain en matière d'urbanisme, de transports, de biodiversité, ou encore de santé environnementale. C'est en tout cas l'enjeu.