Quelle doit être la part des biocarburants de première génération au sein de l’objectif européen de 10 % d’énergie renouvelable dans la consommation des transports en 2020 ? La commission Environnement du Parlement européen et le Conseil, représentant les États membres, se sont affrontés sur cette question pendant des années. Un accord avait été trouvé le 14 avril sur un plafonnement à 7%. En séance plénière le 28 avril, les eurodéputés l'ont adopté. Les biocarburants de première génération sont accusés d’avoir contribué par le passé à la hausse des prix alimentaires dans le monde, en monopolisant des terres agricoles, et d'avoir un mauvais bilan environnemental. Le changement d’affectation des sols indirect (Casi) entraînerait la disparition d’écosystèmes capables de capter le CO2. Il aurait aussi des effets néfastes sur la biodiversité et les ressources des populations locales. D'où le plafonnement à 7%.
La filière française du bioéthanol a salué « le réalisme du Conseil et du Parlement européens » dans un communiqué. « Ce vote au Parlement conforte le bien-fondé de la prise en compte des biocarburants comme l’une des alternatives renouvelables majeures au tout-pétrole, immédiatement disponibles », juge la filière, qui appelle à la généralisation rapide de l'essence SP95-E10 en France et en Europe. Mais pour les ONG Oxfam, FNE, RAC-France et Peuples Solidaires, le plafond adopté est trop haut. « Il est fixé à 7% alors que le taux d’incorporation est aujourd’hui à environ 5% au niveau européen, ce qui implique donc encore la possibilité d’une croissance alors que chaque pourcent supplémentaire représente une émission d’environ 200 millions de tonnes de CO2 en cumulé d’ici à 2020 », dénoncent les ONG dans un communiqué commun. Elles réclament « un arrêt des politiques de soutien aux agrocarburants », et pas simplement « une limitation de leur développement ».
Un sous-objectif a aussi été intégré pour inciter au développement des biocarburants de deuxième et troisième générations. Non-contraignant, ce sous-objectif fixe à 0,5 % la part des biocarburants dits « avancés » dans les objectifs européens en 2020. Pour les industriels du secteur, c'est un premier pas. Mais insuffisant pour offrir la visibilité et la stabilité nécessaires à l'industrialisation de ces biocarburants de nouvelles générations. Les ONG déplorent plutôt que la notion de « biocarburants avancés » ne soit pas mieux définie. En particulier, elles dénoncent l'absence de critère de durabilité.TB/ACoLe décryptage des ONGL'analyse de la filière française du bioéthanol