C'est peu de dire que le projet d'aménagement de Bordeaux Euratlantique est démesuré. Il s'étend sur 700 hectares d'anciennes friches ferroviaires et industrielles. Le chantier va durer 15 à 20 ans,pour faire sortir de terre 2,5 millions de mètres carrés de logements, bureaux etc., et accueillir 40 000 nouveaux habitants et 30 000 emplois. « C'est une véritable petite ville, autour de la gare, vers le sud le long de la Garonne qui se construit », situe Alexandra Carpentier, directrice générale adjointe de l'établissement public d’État (EPA) Bordeaux Euratlantique. « Chaque chantier est une nuisance, et là, une multitude de maîtres d'ouvrage vont se succéder, avec les mêmes problèmes d'accès, de livraison des matériaux, d'évacuation des déchets, etc. L'idée est de mutualiser les solutions », esquisse Alexandra Carpentier.L'appel à projets, lancé à l'été 2015, a été remporté par un groupement mené par Suez, avec Eiffage, Keolis, Effia et Engie. « Le projet Noé mutualise tous les services pour le bâtiment et la construction avec, par exemple, une base vie distante d'un kilomètre, une déchèterie professionnelle, une ressourcerie, une solution de mobilité pour les ouvriers, et une plateforme numérique », énumère Pascal Le Halpère, chef de projet Noé chez Suez. Elle sera opérationnelle à partir d'octobre 2016.Pour fluidifier la mobilité, deux parking sont prévus, rive droite et gauche de la Garonne, avec des bus pour déposer les ouvriers au coeur des chantiers. « Cent ouvriers, c'est 80 voitures et 300 mètres linéaires de stationnement », rappelle le chef de projet.Des réflexions sont aussi en cours pour décaler les horaires d'évacuation des bennes de la déchèterie en dehors des heures d'embouteillage… Celle-ci, avec ses 12 000 m², pourra traiter les 10 000 tonnes/an de DIB prévus. Elle sera également capable de stocker les terres excavées, réutilisables en remblais. Elle comprendra une partie « ressourcerie », où les excédents d'un chantier seront mis à disposition pour un autre. Des partenariats avec des entreprises d'insertion sont prévus pour trier et recycler les matériaux.Un espace de livraison, avec capacité de stockage temporaire en cas de retard de chantier, est prévu en rive droite. « Il abritera également un petit espace de vente pour les produits de construction de base », ajoute Pascal Le Halpère.Pour inciter à utiliser Noé, les entreprises seront obligées de signer une charte « chantier propre ». « A un prix attractif », assure Alexandra Carpentier.Albane Canto