Pour avoir la chance de dénicher une mulette perlière dans une rivière française, mieux vaut avoir de bons yeux ! Si la moule d'eau douce peuplait en abondance les ruisseaux, elle est désormais classée en danger par l'Union internationale de conservation de la nature (UICN). « A l'échelle européenne, la population a régressé de 99 % au cours du dernier siècle », précise Yves-Marie Le Guen, chargé de missions milieux aquatiques au Parc naturel régional Périgord-Limousin. Un plan national d'actions a été lancé en 2012.Une espèce parapluieL'été dernier c'est un programme européen Life + qui a démarré pour cinq ans dans le Massif Central sur le bassin versant de la Haute Dronne et ses affluents. Il combine deux approches : l'élevage et l'amélioration de l'habitat. Car l'eutrophisation et la multiplication des seuils sur les cours d'eau figurent parmi les principales causes de sa disparition. « Elle est extrêmement sensible à la qualité du milieu. C'est une espèce parapluie. Si on la protège, c'est l'ensemble de l'écosystème qui est sauvegardé », précise Yves-Marie Le Guen.Supprimer 20 ouvragesLa présence d'ouvrages nuit aussi à ses hôtes : le saumon désormais quasiment disparu des rivières françaises et la truite fario. En effet, pour se déplacer et survivre, les jeunes moules se fixent sur leurs branchies lors de leurs premières années. Le programme vise donc à supprimer près de 20 ouvrages sur la Haute-Dronne pour restaurer la continuité écologique et favoriser à la fois l'habitat de la moule et de son hôte. La mise en place d'un élevage permettra d'améliorer les chances de survie des mulettes lors des deux à trois premières années avec une réintroduction dans les secteurs les plus propices. Des tests écotoxicologiques seront réalisés par l'Université de Bordeaux pour déterminer le niveau de sensibilité des mulettes aux polluants métalliques présents dans le cours d'eau et affiner les zones de réimplantation. Un budget de 5,8 millions d'euros d'ici 2020 est prévu. PRB