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BIODIVERSITÉ

Tristan Lecomte, l'alter-entrepreneur

PUBLIÉ LE 21 FÉVRIER 2017
LA RÉDACTION
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Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
EM : En quoi consiste votre nouveau service de compensation carbone ?Tristan Lecomte : Il repose sur l'insetting, un jeu de mot en opposition à la compensation carbone classique ou offsetting. En France, l'offsetting affiche un maigre bilan. Il séduit peu d'entreprises. C'est une forme de compensation décorrélée de leurs activités, sans enjeu pour elles ni dimension transformative. Il pâtit d'une image de droit à polluer. Sans compter nombre de faux projets. L'insetting a plus de chance de les intéresser. Il permet de compenser les impacts au sein même de leur chaîne de valeur. Et de régénérer l'écosystème d'où sont issus leurs produits. Par où commencer ?Par un audit sur la traçabilité et les sources de risques sociaux et environnementaux dans la filière concernée. Adaptation au changement climatique, sol, eau, biodiversité, énergie, etc. Tous les facteurs d'impact sont à évaluer, réduire et compenser non pas à l'extérieur mais au sein des métiers de l'entreprise, afin d'améliorer sa compétitivité par la régénération, la préservation des écosystèmes et ressources dont ses activités dépendent. La compensation se joue donc en amont, dans les filières agricoles et alimentaires ?Oui, en s'appuyant sur l'agroforesterie. Cette conviction s'est imposée à moi lorsque je dirigerais Alter Eco. J’achetais du cacao au Pérou. Pour compenser l'empreinte carbone des produits vendus, nous avons planté 5 000 arbres dans les fermes. Ils ont généré des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux. Comme Monsieur Jourdain et sa prose, nous avons fait de l'insetting sans le savoir. Les programmes actuels sont d'une autre ampleur. Nespresso plante 500 000 arbres par an dans ses champs de caféiers ! Ils ont la capacité de stocker l'équivalent de l'intégralité de l'empreinte carbone de chaque tasse de café consommée en France.Pur Projet accompagne les entreprises dans cette voie. Combien de projets de compensation via l'agroforesterie suivez-vous ?Une trentaine sur une centaine de sites dans le monde. Aucun projet ne vient d'en haut. Pour une bonne raison : c'est comme dans le commerce équitable, cela ne marcherait pas. Tous sont portés par les coopératives agricoles. Une fois lancé, elles le gèrent, plantent des arbres, trouvent un modèle agroforestier et nous transmettent des livrables, à partir desquels nous élaborons des indicateurs avec des universitaires reconnus. Nous apportons l'argent aux coopératives. Payons les experts agronomes qu'ils recrutent. Ils ont sur place le savoir-faire et leurs Pierre Rabhi locaux ! Pourquoi les entreprises paient en aval pour ce service ? Car en agissant ainsi, ces fournisseurs leur rendent un service environnemental. L'entreprise n'en a pas toujours conscience. A travers cette approche carbone, elle découvre parfois d'où viennent ses produits. Nespresso, Kering, Clarins, L'Oréal : nos clients dans le café, le luxe ou la cosmétique sont très regardants sur la qualité de leur matière première. Et la garantir dans le temps est stratégique. Planter des arbres est donc bon pour leur business model. Nous leur apportons la preuve scientifique des bénéfices sur les écosystèmes qui les fournissent. Les monétisons, les suivons dans la durée. Nous aidons aussi des agriculteurs à tester des techniques - permaculture ou riziculture innovante - qui génèrent des bénéfices additionnels, pour eux comme pour les écosystèmes. Mais notre cœur de métier est ce suivi des services rendus par les arbres plantés.Pur Projet est donc bien parti pour durer ?Je l'espère ! Nous sommes en pleine croissance. Notre chiffre d'affaires, de dix millions d'euros, a doublé en deux ans. Nous sommes une trentaine à Paris et 80 sur le terrain ou en coopérative. Et appréhendons nos projets sur le long terme car les arbres croissent lentement et apportent des services écosystémiques à valoriser sur, a minima, 40 ans. Quels clients convoitez-vous ? Nous aimerions voir venir des banques et la grande distribution. Avoir plus de PME, d'industriels, de sociétés de services. Dans ces catégories sont déjà engagés l'entreprise familiale Caudalie (cosmétique), le fabricant de mortier ParexLanko et AccorHotels. Pour ce dernier, les arbres sont plantés en priorité dans des filières alimentaires qui fournissent les services de restauration des hôtels. Décrocher une entreprise comme Unilever est aussi un rêve. Comment approchez-vous ces entreprises ? Vous les démarchez ?Pas question. Nous ne vendons pas des chaussettes ! Mais bien une vision transformatrice de l'entreprise. Ceux que cela intéresse viennent à nous, par le biais de notre réseau ou au gré de rencontres avec des patrons ou de jeunes recrues enthousiastes. Nous entrons dans les entreprises par la petite ou la grande porte. Non sans labeur : Chanel s'est lancé après nous avoir fait plancher sur une centaine d'audits et une méthode balayant les enjeux de sa filière. Chanel, Kering et L'Oréal feront certifier en 2017 leur démarche d'insetting. Est-ce un pas important ?Il y a le besoin dans ces entreprises de standardiser, de faire certifier, d'enregistrer leurs démarches carbone. Nous avons donc développé un standard adapté, un standard ombrelle qui chapeaute, valorise d'autres certifications acquises (Iso 14 001, Fairtrade). Nespresso France l'a testé avec succès. D'autres suivront. D'autant qu'avec la technologie émergente de la blockchain, alors qu’auparavant tout enregistrement d'engagement devait être certifié par un organisme habilité (banque, notaire ou administration), les choses sont plus simples. La blockchain est une nouvelle manière, plus transparente et décentralisée, de stocker, d'échanger l'information. Une fois l'engagement carbone gravé dans le marbre, le registre est inviolable. Impossible de bidouiller ou revenir dessus. Autre atout, cette certification inscrit l'entreprise dans une démarche de progrès continu. Elle vérifie la correspondance entre l'empreinte carbone et sa compensation. Et ouvre des opportunités, à terme pour réaliser des transactions financières pour des projets d'insetting, directement depuis les donateurs jusqu'aux bénéficiaires, en utilisant par exemple le bitcoin. Propos recueillis par Morgan Boëdec 
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