Ce mardi 2 avril, la Fabrique écologique a publié une note sur le rôle de la forêt dans la transition écologique en France. Il en émane trois proposition afin d’améliorer la gestion des surfaces forestières, dont l’augmentation significative des investissements publics.
« Le rôle de la forêt dans la lutte contre le changement climatique est plus fort que son déficit économique », lance Hervé Le Bouler, président du groupe forêt de la Fabrique écologique, de France nature environnement, membre du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et vice-président de PEFC France. Il dévoile ce mardi 2 avril, une nouvelle note de la Fabrique écologique intitulée « Quel rôle pour la forêt dans la transition écologique en France ? », dont il a été le pilote. « Alors que la forêt française absorbe 15% des gaz à effet de serre chaque année, il est primordial de reconnaître son rôle dans la transition écologique et la protection des écosystèmes », souligne-t-il.
Trois propositions pour sortir de l’état « d’atonie »
La note publiée par la Fabrique écologique fait en effet état d’une « atonie » vis-à-vis de la forêt, trop souvent considérée comme « la belle au bois dormant (…) et continue à être sous ou mal-exploitée ». En effet, la forêt de France métropolitaine va bien : elle représente plus de 30% du territoire et sa surface ne cesse de croître chaque année. « Après l’alerte du Giec sur la crise climatique en 2018, et alors que cette note devait simplement établir un constat, nous avons finalement décidé de formuler des propositions concrètes », explique Hervé Le Bouler. Trois propositions émanent donc de cette note :
- Privilégier les solutions fondées sur la nature : « Nous parlons de sylvoécologie », précise le pilote de la note. Il s’agit par exemple de « multiplier les essences plantées, plutôt que que de faire des plantations monospécifiques », explique-t-il. Ceci afin d’éviter notamment la propagation de maladies et d’insectes. Il détaille le cas du scolyte de l’épicéa, un insecte qui s’est multiplié à la faveur du changement climatique : 60 millions d’hectares d’épicéas ont été tués par cet insecte en Europe, dont un million d’hectares en France. « Il s’agit peut-être du premier exemple de l’effondrement massif d’une espèce du fait du réchauffement climatique », alerte Hervé Le Bouler. - Rendre incontournables des plans de gestion collective pour la forêt : le président de la Fabrique écologique, Géraud Guibert, rappelle que 40% des forêts françaises ne sont pas gérés. C’est-à-dire qu’aucune trace de gestion ou d’intention de gestion n’a été relevée depuis au moins 20 ans sur ces surfaces. - Investir trois à quatre milliards d’euros par an dans le secteur forestier et la filière bois : deux enjeux prioritaires sont identifiés, à savoir l’animation dans les territoires auprès des petits propriétaires de parcelles ainsi que la modification du modèle industriel, « copié sur celui des forêts nordiques et non adapté à la France », estime Hervé Le Bouler. La fondation propose de « faire bénéficier à la forêt et à la filière de transformation, des financements de la transition écologique et des crédits carbone ». Actuellement, selon un rapport de la Cour des comptes, les soutiens publics s’élèvent à 910 millions d’euros par an.
Un pacte avec la société
Par ailleurs, la Fabrique écologique souligne que le regard de la société sur la forêt est important dans la prise en compte du rôle de la forêt et qu’un « pacte société / forestiers » est donc nécessaire. « Il existe une confusion entre l’état de la forêt tropicale, qui est victime de tensions énormes, et celui de la forêt française », souligne Hervé Le Bouler. « Tout le monde aime le bois mais personne n’aime qu’on coupe des arbres », remarque-t-il. Il s’agit donc d’aller vers « l’acceptabilité de la gestion forestière par les Français ».