La députée du Nord Anne-Laure Cattelot a remis, ce jeudi 17 septembre au ministre de l’agriculture et à la secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, son rapport sur l’avenir de la forêt et de la filière bois.
Le rapport remis ce jeudi 17 septembre au gouvernement par la députée Anne-Laure Cattelot, formule 19 recommandations pour pérenniser la filière bois et garantir l’avenir de la forêt, dans une logique de décarbonation de l’industrie. La députée écrit en avant-propos de son rapport que « la forêt et le bois ne sont pas considérés à leur juste valeur et doivent faire l’objet d’une politique volontaire, résolument transversale et incarnée par un membre du gouvernement ». La recommandation majeure de ce rapport est la création d’un fonds pour l’avenir des forêts, qui serait doté de 300 millions d’euros par an. Ce fonds aurait pour but de « reconstituer massivement les forêts sinistrées, anticiper, enrichir et adapter à l’aune de nos connaissances les peuplements vulnérables au changement climatique et créer de nouvelles forêts ». Il s’agirait de reboiser un million d’hectares en 30 ans, à raison de 70 millions d’arbres par an, « soit un arbre par an et par habitant », souligne la députée. Les 300 millions d’euros annuels d’investissements seraient « issus des produits de la contribution climat énergie, des enchères de quotas carbone sur le marché européen », précise-t-elle. 100 millions d’euros proviendraient des recettes de la fiscalité carbone, 100 millions d’euros de la mobilisation de fonds privés. Les agences de l’eau mobiliseraient quant à elles 30 millions d’euros, les Régions 20 millions d’euros et enfin, 10 millions d’euros proviendraient des dotations du grand plan d’investissement.
Agence nationale des forêts, recherche et construction
Anne-Laure Cattelot propose également la création d’une grande Agence nationale des forêts, « regroupant tous les services d’appui techniques à la gestion durable des forêts, reprenant notamment les missions de l’Office national des forêts, en charge, avec les communes forestières, des forêts publiques, et celle du Centre national de la propreté forestière, qui accompagne et conseille les forêts privées ». Cette agence serait l’interlocuteur unique pour la mise en œuvre de la politique forestière nationale. « Elle portera le fonds pour l’avenir des forêts, elle interviendra en appui aux Régions à qui je souhaite confier une rôle renforcé dans la déclinaison de la politique nationale à son adaptation aux spécificités des territoires », précise Anne-Laure Cattelot. Pour l’association Canopée, la création de cette agence risquerait cependant « d’affaiblir encore davantage l’ONF en diluant ses missions dans une nouvelle agence sans moyens ».
Parmi les autres recommandations de la députée : ouvrir un ministère ou un secrétariat d’Etat à la forêt, donner accès à tous les Français aux données de traçabilité des biens en bois qu’ils achètent, privilégier la rénovation thermique des bâtiments avec des matériaux biosourcés, en triplant les quantités de bois dans la construction d’ici 2050 et développer le chauffage biomasse, ou encore lancer un programme prioritaire de recherche sur la forêt et le bois. Le rapport préconise en effet de « doubler les moyens de la recherche appliquée sur la forêt et le bois ». Il s’agirait également d’adapter la gestion des forêts le plus possible aux changements climatiques, de renouer le dialogue entre chasseurs et forestiers, ou encore de limiter la taille des coupes rases à deux hectares maximum, hors cause sanitaire. Une mesure qui représenterait « une avancée considérable » pour Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de l’association Canopée et porte-parole forêt de la fédération des Amis de la Terre France.
Vers une industrialisation de la forêt ?
Dans le cadre de son plan de relance, le gouvernement avait déjà prévu de mobiliser 200 millions d’euros pour l’adaptation des forêts au changement climatique. Ce rapport conforte le besoin d’investissement de la filière, mais pour Sylvain Angerand, « le problème est que le rapport de force est aujourd’hui totalement déséquilibré avec un ministre de l’agriculture qui a repris à son compte tous les arguments productivistes d’une partie de la filière forêt-bois. Le risque est grand que ce rapport et l’indispensable adaptation aux changements climatiques servent simplement d’alibi au gouvernement pour industrialiser la gestion forestière comme l’a été l’agriculture dans les années 1950 et 1960 ».