Le « Plan pollinisateurs », actuellement en préparation au gouvernement, se doit d’être à la hauteur des attentes des apiculteurs et montrer des engagements forts pour la protection de l’ensemble des pollinisateurs et de la biodiversité. Il se doit d’intégrer notamment la révision de l’arrêté abeilles de 2003, tel que recommandé par l’Anses dans son avis de 2019.
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Après le grave recul que représentent les récentes dérogations d’usage des néonicotinoïdes sur les betteraves sucrières, ce « Plan pollinisateurs » avait été annoncé « en compensation » par Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Un plan « visant à renforcer leur protection pendant les périodes de floraison, et à mieux prendre en compte les enjeux associés aux pollinisateurs au moment de la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques », qui a été présenté aux parties prenantes le 18 décembre 2020.
La concertation sur ce plan est actuellement en cours ; et la menace plane de nouveaux reculs en matière de réglementation des pesticides… leur réglementation est pourtant nécessaire à la protection des insectes pollinisateurs et de la biodiversité, leur nocivité étant attestée par une multitude d’études scientifiques parues au cours des deux dernières décennies.
Des promesses non tenues
Tout d’abord, ce « Plan pollinisateurs » n’intègre pas la promesse initiale du 6 août dernier de faire évoluer les tests d’évaluation du risque des effets des produits pesticides sur les pollinisateurs. Alors que les tests en vigueur sont considérés inadaptés, les renforcer s’avère pourtant une manière simple et efficace de protéger les insectes pollinisateurs, en éliminant notamment les pesticides les plus toxiques.
Ensuite ce « Plan pollinisateurs » prévoit notamment la révision de l’arrêté abeilles de 2003, réglementation depuis longtemps obsolète, insuffisamment protectrice et dont la révision est annoncée depuis 2014. Mais cette révision s’annonce largement édulcorée, malgré une feuille de route pourtant claire, établie par l’Anses en 2019, qui préconise, en particulier :
- L’élargissement à toutes les familles de pesticides de l’interdiction de traitement sur cultures en fleurs
- L’évolution des tests nécessaires à l’obtention éventuelle de dérogation permettant le traitement en floraison en dehors de la présence d’abeilles
- La précision de la mention « traitement en dehors de la présence d’abeilles » par l’obligation des traitements de nuit.
Des mesures strictes face à la disparition des abeilles
Une révision de cet arrêté abeilles de 2003 selon les recommandations de l’Anses et limitant les aménagements au strict minimum est pourtant nécessaire à la protection des pollinisateurs. Le 3 février dernier, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation s’est en effet engagé à fonder ses décisions sur des arguments scientifiques.
Ainsi nous appelons le gouvernement à prendre la mesure du drame de la disparition des abeilles et de sa responsabilité à mette en place les mesures nécessaires grâce à un véritable « Plan pollinisateurs ». Nous enjoignons le gouvernement de ne pas céder à la tentation du statu quo et d’agir réglementairement pour garantir un environnement sain aux pollinisateurs, soutenir efficacement l’apiculture et montrer la direction d’une agriculture compatible avec la protection des pollinisateurs et de la biodiversité en général.