Les prospections gazières et pétrolières, et le trafic maritime constituent les principales sources de pollution sonore sous-marine. Crédit : Pixabay
Alors que la COP 15 biodiversité se déroule à Montréal jusqu’au 19 décembre, la Commission européenne a émis des recommandations pour réduire la pollution sonore sous-marine qui fragilise la vie des cétacés.
Pour la première fois, l’Union européenne s’attaque au bruit généré par les activités anthropiques en mer. La Commission européenne a dévoilé les niveaux tolérables pour les bruits sous-marins impulsifs (exploration et extraction du pétrole et du gaz) et continus (le transport maritime). Ces limites de pollution sonore sous-marine sont « les premières de ce type au niveau mondial », se félicite l’institution européenne.
Le bruit sous-marin « impulsif » se produit dans environ 8 % des mers européennes, en particulier dans de grandes zones de la mer Baltique, de la mer du Nord et de la mer Celtique, ainsi que dans la région méditerranéenne. Quant au bruit sous-marin continu, issu du trafic maritime, se concentre principalement en mer Méditerranée qui enregistre le trafic maritime le plus élevé de l’UE, suivie de la mer Baltique (19 % de la zone européenne). Cette pollution sonore conduit à des troubles auditifs et à des perturbations comportementales. Pour protéger la faune marine, l’Union européenne préconise au titre de la directive-cadre « Stratégie pour le milieu marin » de nouveaux seuils de bruits jugés « acceptables » qui contribueront à fixer des limites à l’endroit et à la durée de l’exposition des habitats marins au bruit sous-marin.
Désormais, pour être en état tolérable, pas plus de 20 % d’une zone marine ne peut être exposée au bruit sous-marin continu sur une année, et pas plus de 20 % d’un habitat marin ne peut être exposé au bruit impulsif sur un jour et pas plus de 10 % sur un an. Les États membres sont ainsi incités à légiférer et inscrire les deux types de seuils de bruits sous-marins dans leurs stratégies et programmes respectifs.
Des « unités marines »
« Grâce à ces nouveaux seuils, les États membres de l’UE pourront désormais évaluer l’impact du bruit sous-marin dans leurs aires maritimes respectives », souligne le Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw). Toutefois « beaucoup reste à faire », ajoute l’ONG qui rappelle que les États membres doivent diviser leurs aires marines respectives en plusieurs « unités marines » et définir des seuils de bruits en fonction des espèces présentes dans ces milieux. Pour y parvenir, Ifaw « appelle la Commission européenne à conseiller les États membres sur les mesures permettant de réduire le bruit sous-marin », conclut Ilaria Di Silvestre, responsable des politiques et campagnes européennes chez Ifaw.
Par ailleurs, l’organisation internationale a mis en place l’initiative « Blue Speeds » qui vise à plafonner la vitesse des navires existants à 75 % de leur vitesse de conception. On estime qu’une telle mesure se traduirait par la réduction d’environ « 25 % de la pollution sonore et le risque de collision entre les navires et les baleines. Cela permettrait également de diminuer la consommation de carburant des navires et les émissions de CO 2 du transport maritime de 8 % environ ».