Le Réseau mondial des géoparcs de l’Unesco, qui célèbre ses 10 ans, regroupe des territoires reconnus pour la richesse de leur patrimoine géologique — formations rocheuses, chaînes de montagnes ou volcaniques, grottes, canyons, sites fossiles ou paysages désertiques anciens — qui témoignent de l’histoire, de l’évolution et du climat de la Terre. Ces sites sont aussi des espaces de conservation et d’éducation à l’environnement, où les communautés locales et autochtones peuvent valoriser leur culture et leurs savoir-faire.
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Chaque année, le réseau s’enrichit de nouveaux sites par décision du Conseil exécutif de l’Unesco après l’évaluation des candidatures par le Conseil des géoparcs mondiaux, composé d’experts internationaux.
Les 16 nouveaux géoparcs sont situés en Arabie saoudite – qui inscrit ses deux premiers sites –, Chine, Équateur, Espagne, Indonésie, Italie, Norvège, République populaire démocratique de Corée – marquant la création de son tout premier géoparc et sa contribution à la protection de la chaîne montagneuse partagée avec la Chine –, République de Corée, Royaume-Uni et Viet Nam.
L’Unesco continue de promouvoir ce programme dans les zones où il est encore peu présent, notamment sur le continent africain, les États arabes ainsi que dans les petits États insulaires en développement. Pour ce faire, elle organise des missions d’experts, des sessions de formation et des consultations individuelles, à l’échelle nationale et locale, pour accompagner la préparation des candidatures au statut de géoparc mondial de l’Unesco.
Arabie saoudite : Géoparc mondial Unesco du nord de Riyad
Situé au pied de la montagne Tuwaiq, au cœur de la péninsule arabique, le Géoparc mondial UNESCO du nord de Riyad est un site captivant rassemblant des monuments géologiques, écologiques et culturels. Ces plateaux remarquables, dotés de sommets plats et d’escarpements spectaculaires, constituent la pièce maîtresse du patrimoine géomorphologique du géoparc. Les formations de roches datant du Jurassique et du Crétacé constituent un site éducatif et culturel important, en tant que fondement géologique du considérable patrimoine pétrolier de l’Arabie saoudite. La vallée de l’Obaitharan, ou Wadi Obaitharan, est un autre point fort, une réserve luxuriante et protégée qui joue un rôle essentiel dans la conservation des ressources en eaux de la région et offre une vue panoramique sur les montagnes avoisinantes. La vallée abrite également d’anciens systèmes de récif corallien, ce qui en fait un site éducatif important pour les visiteurs.
Au cœur du géoparc, se trouve le village de Thadiq, dont l’histoire remonte aux établissements tribaux, il y a plus de 370 ans. Son oasis florissante illustre le lien profond entre le peuple de la région et son environnement naturel. Le géoparc soutient activement les communautés locales et le développement durable. Menée par la communauté, la transformation du village de Ghamra en destination touristique populaire a été une initiative concluante. Une large panoplie d’activités sont proposées, dont la randonnée, l’observation des étoiles, ainsi que des expériences traditionnelles comme les feux de joie et les représentations folkloriques. Les initiatives locales menées dans le géoparc constituent une occasion unique pour les visiteurs d’échanger avec les communautés locales par le biais d’expériences culturelles et de découvrir l’hospitalité de renom de la région. À travers l’initiative des « produits géologiques », le géoparc fait également la promotion de l’agriculture durable, et met en avant des produits locaux tels que les dattes et le miel, renforçant ainsi la visibilité des fermiers locaux sur le marché.
Arabie saoudite : Géoparc mondial Unesco Salma
Le Géoparc mondial UNESCO Salma, situé au cœur de l’Arabie saoudite, offre un aperçu rare et fascinant de l’histoire anciennede la Terre. ses roches volcaniques et magmatiques datant de plus de 740 millions d’années, ce géoparc constitue une archive accessible des processus profonds de la Terre. L’un des éléments les plus remarquables du parc est le cratère d’Al-Hutaymah, où les visiteurs peuvent observer les formations volcaniques spectaculaires modelées au fil des millénaires, par l’érosion et les éruptions volcaniques. Le géoparc renferme également une faune et une flore désertiques variées, dont le bouquetin de Nubie et l’Oryx d’Arabie, des espèces menacées parfaitement adaptées à l’environnement aride.
Le territoire représente aussi un patrimoine culturel vibrant, porté notamment le Darb Zubaydah, une ancienne route de pèlerinage qui reliait autrefois Kûfa, une ville historique du centre d l’Iraq, à La Mecque, une ville d’Arabie saoudite qui revêt une importance religieuse considérable. Cette route, jalonnée de puits, de gisements et de la célèbre oasis de Faid, était un arrêt essentiel pour les pèlerins en raison de son eau pure et de ses sols fertiles. L’ancienne forteresse et ses 45 puits constituent des symboles durables de l’histoire régionale. Le village de Tabah est un autre site patrimonial clé., Il abrite les « cerfs-volants du désert », des structures en pierre autrefois utilisées pour piéger des animaux sauvages, qui apportent un éclairage précieux sur les anciennes pratiques de chasse et les premiers établissements humains. Les communautés locales et les élèves s’investissent pleinement dans le géoparc par le biais d’un ambitieux programme d’activités éducatives. Des événements comme les dîners d’Iftar pendant le ramadan, la marche du Darb Zubaydah retraçant l’ancienne route de pèlerinage, ainsi que le chemin historique de Tabah permettant aux visiteurs d’explorer les ruines archéologiques exceptionnellement préservées de l’une des plus anciennes villes de la région, favorisent un esprit d’unité et de sensibilisation au patrimoine culturel de la région.
Chine : Géoparc mondial Unesco de Kanbula
Le Géoparc mondial Unesco de Kanbula, situé sur les contreforts nord-orientaux du plateau du Qinghai-Tibet, se caractérise par des éléments géologiques remarquables, fruits de processus complexes. Il abrite notamment les volcans de Maixiu – un groupe de volcans éteints exceptionnellement bien préservés – et une portion du fleuve Jaune, le sixième plus long cours d’eau du monde. Tout en contribuant à la préservation de ce riche patrimoine géologique, ce géoparc joue un rôle essentiel dans la protection des populations locales contre les aléas fluviaux, en assurant la coordination des systèmes d’alerte et de prévisions et en préparant les habitants aux inondations et aux glissements de terrain.
La culture et la tradition sont profondément ancrées dans le paysage de Kanbula, où les démarches scientifiques sont enrichies par le patrimoine tibétain ancestral. Au monastère de Longwu, datant du XIVe siècle, une fresque tibétaine traditionnelle de style thangka, qui représente la formation des pics montagneux, les éruptions volcaniques et la naissance des océans, retrace l’évolution de la Terre. Cette fresque, où êtres humains et animaux font de nombreuses apparitions, reflète les croyances culturelles sur la coexistence harmonieuse avec la nature – une thématique qui touche particulièrement les communautés locales. La fusion entre les explications scientifiques les récits culturels est au cœur des activités du géoparc. Alliant tradition et développement économique local, il soutient des initiatives de proximité telles que l’école Sangjie des arts du thangka, une coopérative qui revitalise les compétences traditionnelles du thangka tout en donnant aux femmes rurales la possibilité de se former et de trouver un emploi durable.
Chine : Géoparc mondial Unesco de Yunyang
Le Géoparc mondial Unesco de Yunyang, situé dans le sud-ouest de la Chine, révèle des paysages façonnés il y a près de 250 millions d’années, qui témoignent de la disparition d’une mer intérieure et de l’émergence d’un milieu terrestre unique qui l’a remplacée. La région, surtout connue pour ses gisements riches en fossiles de dinosaures, abrite une remarquable « grande muraille » de fossiles de dinosaures de 18 kilomètres de long contenant roches stratifiées, constellées de fossiles datant de près de 170 millions d’années. Une section exceptionnelle révèle près de 5 000 fossiles de dinosaures, offrant une vision sans égale de l’évolution des dinosaures au cours du Jurassique moyen. Le géoparc renferme également des paysages karstiques spectaculaires – des formations rocheuses caractéristiques modelées par l’eau au fil du temps –, dont l’une des dolines les plus profondes au monde, qui descend à 335 mètres de profondeur et constitue un important de site de recherche.
Doté de temples, de villages traditionnels et de forteresses établis de manière stratégique le long du Yangtsé, le Géoparc mondial Unesco de Yunyang possède une riche histoire culturelle qui remonte à plus de 2 300 ans. Il abrite le groupe ethnique des Tujias, qui perpétue des traditions uniques telles que la sculpture sur racines, le tissage de brocart et les danses gestuelles. Pour garantir la pérennité de ces traditions, le géoparc collabore avec les populations locales afin de soutenir la production et la vente d’objets artisanaux, tandis que les écoles locales dispensent des cours qui transmettent ces traditions aux jeunes générations. Les manifestations, telles que le rassemblement des filles tujias, et les échanges culturels artistiques permettent aux populations locales de mettre en avant leur patrimoine et de participer au développement du géoparc.
Équateur : Géoparc mondial Unesco Napo Sumaco
Le Géoparc mondial Unesco Napo Sumaco est situé au cœur du bassin amazonien en Équateur, à l’intersection des montagnes andines et des plaines amazoniennes. Ce géoparc renferme plus de 170 millions d’années d’activité géologique, de la période jurassique jusqu’à nos jours. Parmi ses éléments emblématiques figurent le Sumaco, un volcan remarquable et potentiellement actif doté d’une composition rare, et de formations karstiques, où les chercheurs étudient le dérèglement climatique à travers l’analyse des spéléothèmes (formations de grottes). La région se distingue non seulement par son intérêt géologique, mais aussi par sa riche biodiversité, qui abrite plus de 6 000 espèces végétales et une variété d’animaux rares, dont bon nombre ne vivent que dans cette région.
Les communautés locales jouent un rôle actif dans la protection et la gestion des sites géologiques du géoparc, en y perpétuant les concepts autochtones kichwas de minga et de turkana. La Pacha Mama (la Terre mère), occupe une place centrale dans le système de valeurs du peuple amazonien des Kichwas, est préservée comme un savoir ancestral précieux, qui relie géodiversité, biodiversité et culture. L’accès à de nombreux géosites est uniquement possible en compagnie de résidents locaux, ce qui garantit une utilisation des terres respectueuses tout en offrant des possibilités aux communautés locales. Plusieurs groupes communautaires contribuent aux activités du géoparc : les Guides Pushak Runakuna font la promotion du géotourisme et de la conservation des attractions naturelles, et le collectif des Yachak Awakkuna est spécialisé dans les arts traditionnels tels que la céramique, la peinture à base de pigments naturels, les arts textiles et les bijoux fantaisie faits main à partir de graines et de mullos, des éléments essentiels des tenues amazoniennes. Le Groupe gastronomique Mikusha Kawsari valorise l’importance du système agroécologique de la chakra, en mettant en lumière son rôle dans la production de nourriture et de médecine naturelle, tout en apportant une touche gastronomique aux plats amazoniens traditionnels.
Équateur : Géoparc mondial Unesco du volcan Tungurahua
Situé dans les Andes équatoriennes, le Géoparc mondial Unesco du volcan Tungurahua a une histoire géologique s’étendant sur plus de 417 millions d’années, façonnée au gré des éruptions volcaniques et de l’activité glacière. Le paysage se compose de canyons profonds, de rivières cristallines, de chutes d’eau glacées et d’immenses parois rocheuses. Au centre se dresse le volcan Tungurahua, un site actif pour les études volcanologiques. Sous la surface, le magma chauffe les eaux souterraines, créant ainsi des sources thermales riches en minéraux, réputées depuis longtemps pour leurs vertus thérapeutiques. L’histoire sismique du géoparc esttout aussi riche : des tremblements de terre importants survenus en 1797 et en 1949 ont dévasté des villes comme Guano, Pelileo et Patate. La ville de Baños de Agua Santa, située au pied du Tungurahua, a subi des éruptions de 1999 à 2016 et a été reconnue comme un modèle de résilience face aux phénomènes volcaniques. À l’heure actuelle, la ville jouit d’activités économiques diversifiées, dont un secteur du tourisme d’aventure bien développé.
Le géoparc couvre cinq municipalités – Baños, Patate, Pelileo, Guano et Penipe – et les préfectures de Tungurahua et Chimborazo. La richesse culturelle de la région se retrouve dans les traditions des peuples autochtones des Salasacas et des Puruhás, qui ont préservé leur identité à travers leurs vêtements, leur musique, leurs danses uniques et à travers une tradition orale ancestrale. Le lien entre la géologie et la culture s’exprime dans les initiatives de développement durable innovantes. La GeoAmigo Cafeteria « Casa del Volcán », détenue par la résidente locale Indira Medina, en est un exemple remarquable.. Ce café, qui met à l’honneur la cuisine et l’identité locale, autour du du volcan Tungurahua, se fournit auprès des fermiers de la région et propose des plats ancestraux. Le complexe touristique Las Caras , où les visiteurs peuvent découvrir des racines d’arbres pétrifiés et des visages gravés par le peuple ancestral des Killuyakus, constitue un autre exemple notable. Découvert à la suite d’une activité volcanique en 2006, ce site, géré par des résidents locaux, propose désormais des visites éducatives, des promenades à cheval et des traitements à base de boue minérale volcanique, l’ensemble.
Espagne : Géoparc mondial Unesco de la Costa Quebrada
Le Géoparc mondial Unesco de la Costa Quebrada, situé le long de la côte cantabrique accidentée dans le nord de l’Espagne, offre un cadre exceptionnel pourexplorer les forces de la nature qui ont façonné le paysage terrestre. Pendant 120 millions d’années, des mouvements tectoniques ont entraîné l’élévation des montagnes depuis les fonds marins, formant des hauts plateaux qui ont été sculptés par le vent et l’eau pour former le littoral que nous connaissons aujourd’hui. L’histoire géologique de la région est formée d’anciennes couches de roches sédimentaires qui ont été déposées dans d’anciens deltas fluviaux et marins. Actuellement, les visiteurs peuvent marcher le long des falaises maritimes exposées et des plages de sable qui racontent l’histoire d’un littoral en constante évolution.
Le géoparc détient un patrimoine culturel dynamique, où les initiatives menées par la communauté célèbrent les traditions et l’histoire de la région. Susana Pacheco, qui y a vécu toute sa vie durant, dirige un projet qui initie les visiteurs à l’art de la maçonnerie de mur en pierres sèches, localement appelés « morios ». Lors de ses visites guidées, les visiteurs explorent les sentiers ruraux à travers d’anciens vignobles, découvrant ainsi les caractéristiques géologiques du paysage, la biodiversité et l’évolution de l’utilisation des terres. « Ce paysage rural unique et singulier, avec sa structure fabuleuse, a été affecté par la puissante mer Cantabrique, créant des falaises accidentées et un passé agricole riche » explique-t-elle. La vinification est une tradition régionale vieille de plusieurs siècles. Une initiative de recherche actuelle entre les vignerons locaux vise à identifier et faire revivre les variétés de raisins natives qui occupent depuis longtemps une place centrale dans l’histoire sociale et agricole de la région, contribuant ainsi à préserver les saveurs distinctes et le patrimoine des vins de la région.
Indonésie : Géoparc mondial Unesco de Kebumen
Le Géoparc mondial Unesco de Kebumen, qui abrite les plus vieilles formations rocheuses de l’Île de Java, constitue remarquable témoignage du passé géologique de la Terre,. Le site de Karangsambung, qui en est l’un des éléments phares , ce laboratoire naturel de roches océaniques et de marge continentale remonte à 10 millions d’années. Ces roches illustrent la théorie de la tectonique des plaques, montrant comment un ancien plancher océanique a été propulsé vers la surface. La région dévoile des fossiles d’anciens écosystèmes marins et préhistoriques, ainsi que des grottes fascinantes et des rivières sous-terraines.
Le géoparc joue un rôle crucial dans la préservation environnementale et la sensibilisation, ainsi que le développement durable. Parmi ces initiatives figurent les centres de conservation des tortues à Jogosimo, Tambak Mulyo et la plage de Lembu Purwo, où les œufs, autrefois menacés par les chasseurs d’œufs, sont déplacés pour sécuriser des endroits en vue de l’éclosion. La feuille de pandanus joue un rôle central dans le patrimoine culturel de la région : le tissage en pandanus, une pratique transmise de génération en génération, continue d’être une activité économique importante. Dans le village de Wonorejo, le programme de géoparc Jiemat apprend cette sagesse locale aux élèves, en leur apprenant à traiter et tisser le pandanus en divers objets tels que des sacs et des sandales, garantissant ainsi qu’ils restent un élément essentiel de l’identité de la communauté. L’innovant Forum pour la jeunesse de Kebumen soutient les artisans qui travaillent avec la feuille de Pandanus dans le village de Grenggeng, par le biais de formation en marketing numérique, connectant l’artisanat traditionnel à un public moderne. La richesse culturelle du Géoparc mondial UNESCO de Kebumen est profondément ancrée dans les traditions, l’artisanat et la cuisine javanaises, qui reflètent l’identité locale distinctive de la région. Le lien entre la géologie et la culture est clair dans les pratiques spirituelles, les modèles d’établissement et les méthodes agricoles. Du mégalithique jusqu’aux époques hindou-bouddhique et islamique, des facteurs géologiques tels que la présence d’eaux souterraines et la proximité des rivières ont considérablement façonné le développement culturel dans la région.
Indonésie : Géoparc mondial Unesco Meratus
Le Géoparc mondial Unesco Meratus constitue un modèle géologique fascinant d’une évolution tectonique complexe datant de la période jurassique, il y a entre 201 et 145 millions d’années. Le géoparc compte la plus ancienne série ophiolitique d’Indonésie, et une quantité considérable de diamants. Cette histoire géologique dynamique a façonné le paysage et favorisé la riche biodiversité, dont plusieurs variétés d’orchidées parmi lesquelles les orchidées de la lune et les orchidées canne à sucre. Le singe à long nez (bekantan), autrefois menacé, est désormais la mascotte de la province du Kalimantan du Sud. Le géoparc a joué un rôle de premier plan dans la restauration des écosystèmes de mangrove, essentiels à la survie des espèces de bekantan, ce qui a mené à une recrudescence graduelle de leur population.
Ce géoparc compte deux principaux groupes autochtones, les tribus des Banjars et des Dayaks, qui continuent de pratiquer leurs traditions uniques. Le commerce sur le marché flottant de Lok Baintan a lieu sur de petits bateaux appelés Jukung, et la tribu Dayak Meratus utilise du bambou pour le transport à l’aide d’une méthode appelée le « Balanting Paring ». Le tissu sasirangan est une pièce centrale de l’identité culturelle de la tribu Banjar, remontant à 1335. Chaque motif et chaque couleur comportent une valeur culturelle profonde. Le géoparc compte un éventail de festivals et d’événements culturels, dont le Meratus Great Culture Carnival, le Meratus Geopark Run et les festivals de marchés flottants. Ces célébrations constituent une présentation vivante du riche patrimoine de la région.
Italie : Géoparc mondial Unesco MurGEopark
Situé sur le haut plateau des Murge, en Italie, le MurGEopark offre un aperçu remarquable du passé géologique de la Terre. La région préserve une portion rare et stable de la plaque adriatique, une ancienne plaque continentale située entre l’Afrique et l’Europe, façonnée des millions d’années durant par les forces tectoniques. Le paysage se caractérise par des dolines, des grottes et des « lames », de larges sillons formés par l’érosion hydrique. Deux découvertes paléontologiques exceptionnelles incluent un squelette néanderthalien préservé recouvert de spéléothèmes – des dépôts minéraux formés dans des grottes au fil des millénaires – et l’un des plus grands sites de traces de dinosaures au monde, qui compte environ 25 000 empreintes.
La richesse géologique naturelle de la région est liée au patrimoine culturel de cette dernière. Les enclos à mouton traditionnels en pierre , appelés jazzi, les murs en pierres sèches, les anciennes fermes et les tratturi (routes de transhumance) illustrent le lien profond entre la terre et ses habitants. « Sur ces terres, les personnes ont un mode de vie unique, façonné par une relation étroite entre le sauvage et le rural » confie un résident. Le MurGEopark encourage le développement durable et la fierté locale grâce à des initiatives visant à améliorer le patrimoine géologique, naturel et culturel de la région. À cet égard, l’initiative, le « Panier des Murge », soutient les coopératives de producteurs de grande qualité, des produits écologiquement durables qui racontent l’histoire du territoire, alliant ses saveurs uniques et sa géologie. Parmi ces produits se retrouvent notamment les olives coratina, la burrata, le fromage pecorino et les champignons cardoncelli.
Autrefois confrontée à un déclin démographique, la création du MurGEopark à permis aux communautés locales de retrouver fierté et optimisme . Les résidents ont désormais un sentiment identitaire plus fort, façonné par leur lien avec l’histoire géologique de la plaque adriatique – un « continent presque perdu ». Ce lien entre le passé et l’avenir est considéré non seulement en termes scientifiques, mais aussi comme une source de force culturelle et régionale.
Norvège : Géoparc mondial Unesco de la côte des Fjords
Au point le plus occidental de la Norvège, où le majestueux Sognefjord rencontre la mer du Nord, le Géoparc mondial Unesco de la côte des Fjords offre un paysage hors du commun où se côtoientdes îles, des fjords, des cascades et le glacier le plus méridional de Scandinavie. Abritant l’ancienne chaîne de montagnes calédonienne formée il y a entre 425 et 395 millions d’années, ce géoparc compte des éléments géologiques exceptionnels, dont des vestiges de croûte océanique et de complexes volcaniques. Peu d’endroits au monde offrent une telle occasion d’étudier, dans une zone aussi restreinte, la croissance et le déclin d’une chaîne de montagnes gigantesque. Dans l’histoire géologique plus récente, des millions d’années durant, les époques glaciaires ont graduellement façonné le paysage, la plus récente ayant pris fin il y a environ 10 000 ans.
L’histoire géologique de la région, combinée à ses abondantes ressources naturelles, a ouvert la voie aux premiers établissements humains le long de la côte, car les peuples étaient attirés par les richesses halieutiques à une époque où les glaciers couvraient l’intérieur des terres. Ces populations ont rapidement mis en place des pratiques durables pour gérer les landes côtières uniques. À l’heure actuelle, le géoparc fait revivre la tradition vieille de 5 000 ans du pâturage du vieux mouton norvégien et de la combustion contrôlée des landes, grâce à une initiative menée par des volontaires qui rassemble les résidents de tout âge et de tout horizon. Le pâturage de la race du vieux mouton norvégien joue un rôle essentiel dans la conservation des landes, car il empêche l’expansion d’arbustes plus grands et permet l’épanouissement d’espèces rares, comme des oiseaux et des insectes. Alliant la tradition à l’innovation, la jeune génération de gardiens de troupeaux intègre la technologie des clôtures contrôlées par GPS pour guider les moutons, ce qui améliore la gestion des terres tout en conservant les anciennes méthodes de pâturage.
République de Corée : Géoparc mondial Unesco de Danyang
Situé au cœur de la péninsule coréenne, le Géoparc mondial Unesco de Danyang est situé près de la chaîne de montagnes Baekdu-Daegan et présente une diversité géologique remarquable. Le paysage présente des plis et des chevauchements dans un gneiss granitique vieux de 1,9 milliard d’années, ainsi que des couches de calcaire, de quartzite et de grès, qui retracent les moments cruciaux de l’évolution tectonique de la région. Danyang est réputée pour ses reliques culturelles préhistoriques, qui en font un site de référence pour les recherches sur l’âge de pierre. Le géoparc compte plus de 200 grottes calcaires, dont bon nombre étaient auparavant habitées. Les nombreuses découvertes archéologiques survenues au sein du géoparc contribuent de manière significative à notre compréhension des prémices de l’histoire humaine en Asie de l’Est. Le Musée Guinsa à Danyang expose des manuscrits bouddhistes anciens, ce qui illustre la riche histoire spirituelle de la région et le lien entre la culture coréenne ancienne et moderne.
Les sites géologiques de la région attirent actuellement les visiteurs grâce à des activités telles que la randonnée, le tourisme et le parapente. Doté de la plus grande infrastructure de parapente de la République de Corée, ce site offre des vues spectaculaires de la topographie du géoparc. Des croisières sur la rivière Namhan sont également proposées pour découvrir le paysage ou s’imprégner des vues panoramiques depuis le pont d’observation touristique de Mancheonha. La région est également connue pour sa variété typique d’ail, cultivée sur des terrasses de calcaire, qui est devenue un souvenir populaire du géoparc. Le géoparc se distingue par son engagement en faveur de l’éducation, et dispose d’un programme annuel qui encourage les étudiants à participer aux activités de conservation, notamment par les actions de dépollution de l’environnement à proximité des principaux sites géologiques.
République de Corée : Géoparc mondial Unesco de Gyeongbuk Donghaean
Le Géoparc mondial Unesco de Gyeongbuk Donghaean, situé sur la côte sud-est de Gyeongsangbuk-do, regorge de merveilles géologiques, dont la spectaculaire vallée de Deokgu, remarquable pour ses roches granitiques et ses sources chaudes anciennes. La grotte calcaire de Seongryugul s’étend sur 870 mètres et est ornée de stalagmites, qui conservent des données précieuses sur les niveaux des mers anciennes et sur les anciens environnements marins. Parmi les sites les plus appréciés et les plus promus du géoparc figure l’ensemble de colonnes de Yangnam. Ces formations rocheuses remarquables sont l’œuvre de la lave qui en refroidissant s’est contractée. Le site se compose de modèles radiaux rares en forme d’éventail, situés horizontalement sur le sol. Ils sont devenus un symbole de fierté locale pour le géoparc. Lee Chang-woon, un boulanger de Gyeongju, a créé le « pain de l’ensemble de colonnes de Yangnam », fabriqué à base d’ingrédients locaux, qui établit un lien entre le patrimoine géologique de la région et la communauté.
Cette région renferme également des richesses du patrimoine culturel. Gyeongju, l’ancienne capitale du royaume de Silla, abrite la grotte de Seokguram et le temple Bulguksa, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO. La grotte abrite une statue monumentale de Bouddha regardant la mer, sculptée dans du granit blanc, considérée comme un chef-d’œuvre de l’art bouddhiste. Le géoparc propose une large gamme d’activités d’éco-tourisme, allant de la randonnée aux visites touristiques, en passant par des journées de « plogging », lors desquelles les participants ramassent les déchets tout en s’instruisant sur l’environnement. Dans le cadre d’une initiative récente, les élèves d’une école élémentaire sont devenus des « GeoRangers » le temps d’une journée, et ont exploré la côte est du géoparc tout en menant des missions pratiques qui leur ont enseigné l’importance de préserver le patrimoine naturel et de protéger de l’environnement.
République populaire démocratique de Corée : Géoparc mondial Unesco du Mont Paektu
Le Géoparc mondial Unesco du Mont Paektu se caractérise par son géopatrimoine fascinant, riche de paysages spectaculaires façonnés par les éruptions volcaniques et l’érosion glaciaire. Il s’agit du tout premier géoparc mondial Unesco désigné dans le pays. Le mont Paektu se trouve au cœur du géoparc et constitue un site privilégié pour comprendre l’activité volcanique. Il fut le théâtre de l’une des plus grandes éruptions jamais enregistrée – l’éruption du millénaire survenue vers l’an 1000 de notre ère – qui a projeté des cendres volcaniques jusqu’au Japon et créé des éléments géologiques extraordinaires, notamment le lac Chon, un saisissant lac de cratère situé à 2 190 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les conséquences de cette éruption restent nettement gravées dans le paysage. Les sources chaudes, les arbres carbonisés et les conduits magmatiques de la laccolite du pic du Janggun offrent un rare aperçu des différentes étapes des éruptions volcaniques. Aujourd’hui, les géophysiciens continuent de surveiller la zone volcanique du mont Paektu, car l’étude des chambres magmatiques et des émissions gazeuses laisse entrevoir un regain de son activité.
Depuis des siècles, le mont Paektu est célébré comme une montagne ancestrale, un symbole de dignité doté d’une profonde valeur spirituelle et culturelle. Cette vénération séculaire a laissé son empreinte sur des poèmes et des récits de voyage, notamment des œuvres telles que Pounjib (1533), Chongguyongon (1727) et Kwangokjib (1895).
De nos jours, les habitants de la région préservent et partagent activement cet héritage culturel. La région est également le berceau de traditions vivaces telles que le chant populaire « Arirang » et les plats à base de fécule de pomme de terre, qui reflètent l’adaptation de la population au climat froid et montagnard de la région, où la température moyenne annuelle avoisine -0,6 °C et peut descendre jusqu’à -19,8 °C en janvier.
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord : Géoparc mondial Unesco d’Arran
Le Géoparc mondial Unesco d’Arran, situé sur la côte sud-ouest de l’Écosse, englobe des zones terrestres et marines qui retracent 600 millions d’années d’histoire de la Terre. Le paysage remarquable de cette île conte l’histoire de collisions des plaques tectoniques, du changement de continents de l’hémisphère sud, de l’ouverture de l’océan Atlantique et de la sculpture des montagnes alpines par les glaciers. C’est un endroit où les forces anciennes sont encore visibles dans les falaises spectaculaires, les plages délicates et les paysages accidentés. Les écosystèmes de l’île soutiennent des espèces, comme le sorbier d’Arran, l’une des espèces d’arbres les plus rares et les plus menacées du monde, qui existe sur l’île depuis la disparition du dernier glacier. Plus de 156 espèces d’oiseaux et 1 000 de plantes y évoluent, ce qui fait d’Arran un paradis pour les amateurs de nature.
Les habitants d’Arran, appelés les Arranachs, sont profondément connectés à leur terre et à ses traditions. Chaque village de l’île possède sa propre identité, mais tous partagent un fort esprit communautaire. Cette connexion à la terre se manifeste particulièrement dans les actions climatiques de l’île. Plus de 260 hectares de tourbières situés en altitude ont été restaurés, ce qui constitue un effort crucial pour lutter contre le dérèglement climatique. Les tourbières engrangent plus de carbone que les zones arborées et jouent un rôle essentiel dans la régulation des inondations, la qualité de l’eau et le soutien à la biodiversité. Arran abrite également un patrimoine immatériel riche. À cet égard, les résidents locaux œuvrent à faire revivre la langue gaélique, qui n’y était plus parlée. Des panneaux bilingues sont disponibles aux endroits principaux et arborent l’alphabet gaélique à côté de la flore locale. Les traditions culturelles de l’île sont célébrées à travers des événements tels que le Arran Farmers Show, créé en 1830, les Brodick Highland Games et le Arran Folk Festival.
Viet Nam : Géoparc mondial Unesco de Lang Son
Niché au cœur des sommets calcaires du nord du Viet Nam, le Géoparc mondial Unesco de Lang Son conte le récit spectaculaire de mers en mutation, d’éruptions volcaniques et d’écosystèmes en évolution. Ce géoparc constitue une archive naturelle, qui préserve des preuves de l’évolution de la vie au fil des époques. Ses plus anciennes roches révèlent les traces d’un ancien fond marin, qui abritait auparavant des trilobites, des créatures marines ressemblant à de grands cloportes, et des graptolites, d’anciens animaux marins qui vivaient en colonies. En reculant, la mer a laissé derrière elle des couches de schiste, de grès et de calcaire, et les paysages volcaniques ont émergé. Le bassin de Na Duong est l’un des sites géologiques remarquables du géoparc. Cette dépression naturelle offre une vue rare sur ce qu’était l’environnement d’Asie du Sud-Est il y a entre 40 et 20 millions d’années. Les fossiles qui y ont été découverts dévoilent un écosystème tropical luxuriant, riche en plantes et en animaux, et apportent des informations clés sur la façon dont les mammifères se déplaçaient d’un continent à l’autre. La géologie spécifique de la région a également influencé l’agriculture locale, avec des sols riches en minéraux adaptés pour des cultures telles que l’attier et la badiane. Le massif calcaire de Bac Son, une chaîne de montagnes spectaculaire formée d’anciens dépôts de fonds marins, révèlent les traces de quelques-uns des premiers établissements humains du Viet Nam, avec des outils en pierre, des artefacts en céramique et des sites d’inhumation, qui aident à se représenter la vie préhistorique.
Divers groupes ethniques vivent au sein du géoparc, dont les Kinhs, les Nungs, les Tays et les Daos, qui continuent de pratiquer des langues, des artisanats et des traditions uniques. Au cœur de la vie spirituelle de la région figure le Đạo Mẫu, le culte des déesses-mères, qui mélange musique, danse et narration pour vénérer des divinités considérées comme gouvernantes des royaumes du ciel, de la terre, des montagnes, des forêts et de l’eau. Les riches traditions culturelles de Lang Son se retrouvent encore aujourd’hui, dans des festivals dynamiques, des tenues traditionnelles complexes et des arts folkloriques comme le chant Then, décrit comme un rythme féérique, et le Dàn Tính, un luth fabriqué à partir d’une calebasse. Le culte des déesses-mères et le chant Then sont tous deux inscrits sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Ces pratiques culturelles, transmises de génération en génération, restent au cœur de l’identité des communautés locales.