Le calendrier est révélateur. En peu de temps, se multiplient les événements sur le financement participatif : « 2013 a été l'année du décollage ; 2014 serra celle de la mise en orbite », estimait le 15 avril Thierry Merquiol, de la plateforme Wiseed. Il s'exprimait ainsi, dans les locaux de la Banque publique d'investissement, lors de la première édition de Crowdtuesday, un rendez-vous désormais mensuel sur ce sujet autrement appelé « crowdfunding ». Une semaine plus tôt, c'est l'association Décider ensemble du député Bertrand Pancher qui organisait à l'Assemblée nationale une table ronde sur le financement participatif, en l'occurrence comme outil au service du développement durable. Et ce n'est pas tout : « Le 17 mai, nous organisons, avec ESCP Europe, la première fête du crowdfunding », annonce Nicolas Lesur, président de l'association Financement participatif France. Suivront encore, en septembre, les deuxièmes assises de la profession.
Cette pratique n'est pas nouvelle. Des modes participatifs de financement existaient déjà sous d'autres noms : appels publics à l'épargne, appels au don, etc. Mais les outils numériques offrent aujourd'hui des possibilités sans précédent, rendant la mobilisation des citoyens plus souple, plus rapide et plus personnalisée. Pas toujours pour des projets liés à l'environnement (santé, numérique…), mais le recyclage, le traitement de l'eau ou encore le solaire (photo) figurent parmi les bénéficiaires. Preuve de cet engouement, des acteurs institutionnels suivent de près – et soutiennent – la structuration de la filière. La Banque publique d'investissement héberge ainsi deux plateformes, Wiseed et Lumo. Autre acteur, la Caisse des dépôts (CDC) mène une étude pour se positionner sur ce sujet, dans lequel elle voit « un formidable levier d'innovation, en particulier dans les territoires », témoigne Christian Costrejean, directeur des investissements à la direction du développement territorial et du réseau de la CDC. Plutôt cloisonnée, la chaîne classique du financement s'en trouve transformée. « Autour de trois mots-clés : proximité, traçabilité et transparence », résume Stéphanie Savel, présidente du réseau DDIDF. Les enjeux sont maintenant de rassurer les souscripteurs, de diffuser les bonnes pratiques… Le gouvernement a d'ailleurs présenté en février un projet de loi, plutôt bien accueilli par la profession. Même si celle-ci reste prudente, trouvant les acteurs traditionnels du financement parfois hostiles à l'essor du participatif.