Mobilisation du gouvernement ou hasard du calendrier ? Plusieurs textes concernant les déchets se trouvent sur le bureau de Ségolène Royal : le Plan national de prévention des déchets (PNPD), le projet de loi sur l'économie circulaire et celui sur la transition énergétique, avec notamment son article 20. Tous concordent vers un même objectif : réduire les quantités de déchets produites. Ce thème n'est pas nouveau, puisqu'un premier plan national avait été engagé sur la période 2004-2013. L'une de ses actions phares avait été le lancement du « Stop pub », dont l'UFC-Que Choisir vient de pointer à la fois l'efficacité et le faible usage, le tout se soldant par une hausse de 35 % des prospectus en dix ans ! La création d'indicateurs de suivi est d'ailleurs l'une des propositions du nouveau plan. La programmation 2014-2020 s'inscrit dans la lignée de la précédente. Les ménages notamment devront poursuivre leurs efforts afin de réduire de 7 % la production de déchets ménagers et assimilés (DMA) d'ici à 2020.
Il y a du potentiel : selon Eco-Emballages, seuls 44 % des Français trient systématiquement leurs déchets. L'Ademe estime que les 375 plans locaux de prévention existants, couvrant 40 millions d'habitants, ont permis d'atteindre ce pourcentage. Ils vont être généralisés. « Un décret va paraître à l'automne », indiquait le 25 juin Baptiste Legay, du ministère de l'Ecologie, lors du colloque de l'Ademe sur la prévention des déchets. L'Agence réfléchit à pérenniser les actions en cours, mais sans les soutiens. Cette perspective donne des sueurs froides aux collectivités où de nombreux postes dépendent d'aides. « Le plan national donne un rôle aux REP dans la prévention des déchets », rassure toutefois Daniel Béguin, directeur du service consommation durable et déchets à l'Ademe. Les professionnels, qui produisent 75 % des déchets, sont aussi dans le viseur : les volumes issus des activités économiques et du BTP doivent se stabiliser. Pour atteindre les cibles du plan, « six milliards d'euros devront être investis dans des installations de tri et de valorisation », chiffre Daniel Béguin. Le Comité national de l'industrie a déjà décidé d'introduire un volet prévention dans ses études sur l'économie circulaire. Mais en privé, des industriels du secteur se plaignent du peu d'intérêt des élus pour la question des déchets, et de l'absence d'innovation depuis des années dans la collecte et le traitement. Veolia et Suez Environnement ont d'ailleurs réorienté leurs stratégies vers les marchés étrangers.