Quel était le but d'Aster ?
L'objectif était de mener une analyse systémique des flux et stocks de certaines terres rares en Europe. Soutenu par l'Agence nationale de la recherche, le projet a été lancé en 2011 dans le cadre d'un partenariat entre le BRGM, BIO by Deloitte, l'industriel Solvay, l'université Paul-Sabatier de Toulouse et l'Institut LaSalle Beauvais. Toute la chaîne de valeur a été étudiée, depuis l'extraction jusqu'au recyclage en passant par la fabrication des produits. Le projet a porté sur des terres rares sur lesquelles des tensions existent et qui sont utilisées dans des produits potentiellement recyclables. D'abord, les lampes fluorescentes pour l'yttrium, l'europium et le terbium. Ensuite, les aimants permanents pour le praséodyme, le néodyme et le dysprosium. Ces aimants ont une multitude d'applications : génératrices d'éoliennes, véhicules électriques et hybrides, lecteurs de disques durs, téléphones mobiles… Enfin, les batteries NiMH pour le néodyme et le praséodyme. Elles sont aussi bien utilisées dans les caméras et les ordinateurs portables que les voitures hybrides.
Quelles sont les conclusions du projet ?
Le projet a fourni des estimations quantitatives utiles pour l'étude de la criticité de ces substances. L'analyse suggère que les risques réels concernent un nombre limité de terres rares : essentiellement le néodyme, le praséodyme et le dysprosium. Ils sont utilisés dans les aimants permanents, indispensables aux technologies de la transition énergétique. Mais les tensions seront d'autant plus importantes que la Chine sera en situation de monopole pour la fourniture des terres rares. Une crise comme celle de 2010-2011 ne peut pas être exclue si les projets d'exploitation hors Chine, par exemple Mountain Pass aux États-Unis ou Mount Weld en Australie, se révèlent non viables. Si la Chine a mis un terme à ses quotas d'exportations, elle va bientôt mettre en place une nouvelle taxe sur les ressources qui pourrait de nouveau avoir une influence sur les prix des terres rares.
Existe-t-il une alternative ?
Une façon de s'adapter consiste à réduire les quantités de terres rares utilisées ou à les remplacer par d'autres substances. C'est le cas des leds, qui utilisent beaucoup moins de terres rares que les lampes fluorescentes. Il y a aussi le recyclage. Dans le projet Aster, on estime à environ 15 t/ an la quantité de terbium recyclé en Europe en 2020. Et à 170 tonnes par an, le néodyme recyclé à partir des aimants permanents. Mais la collecte sélective sera un facteur limitant et les quantités recyclées ne suffiront pas. Il faut donc regarder les ressources primaires disponibles. Il en existe en Europe du Nord, notamment en Suède et au Groenland. En France, par contre, le potentiel semble trop faible.