Dans les matériaux bio-sourcés, on n'avait pas encore essayé le tournesol. C'est chose faite avec le projet Demether, piloté par l'Irstea et qui s'est achevé en juillet dernier après quatre ans de R & D. « Il n'y avait aucune publication scientifique sur le broyat de tiges de tournesol », note Jean-Denis Mathias, chargé de recherche à l'Irstea et coordinateur du projet qui a réuni six partenaires. Les caractéristiques physico-chimiques de l'écorce, qui apporte ses propriétés mécaniques, et celles de la moelle, très poreuse et donc aux propriétés isolantes, ont été cernées, ainsi que leur variabilité. « Pour le liant, nous avons utilisé le chitosan, un polymère issu de produits de la mer ou de champignons, sur lequel j'avais mené des recherches précédemment. Nous l'avons reformulé pour réduire son impact environnemental », détaille le chercheur. C'est une autre caractéristique de ce projet : il intègre une analyse du cycle de vie. Elle a montré que la culture du tournesol avait finalement peu d'impact, à l'inverse du chitosan. Les panneaux développés, de 60 cm par 120, ont une conductivité thermique de 0,06 W/m.K, à comparer au 0,04 W/m.K pour la laine de verre. Depuis le mois de septembre et durant un an, une douzaine de chambres d'étudiants de l'Ensam de Cluny (71), isolées avec ces panneaux à base de tournesol et d'autres matériaux pour comparaison (traditionnels et biosourcés), seront suivies pour préciser les performances de ces panneaux. Un autre projet collaboratif est en réflexion, avec un partenaire industriel, pour finaliser le développement et aboutir à un produit commercialisable.