Tout est dans le mélange. En brassant directement l'eau et l'air, les échangeurs thermiques Terrao obtiennent presque 100 % d'échanges entre les fluides. L'air entrant se mélange à l'eau circulant dans l'échangeur. Il la fait « buller » ce qui provoque le transfert d'énergie. L'air ressort saturé en eau et à la température initiale de l'eau.« Le procédé est deux fois plus performant qu'un échangeur thermique classique. Chauffage, climatisation et contrôle de l’hygrométrie… les domaines d'utilisation sont multiples », se félicite Audrey Keunebrock, présidente de la start-up Terraotherme basée dans le Nord.Le procédé permet de façon classique de récupérer les calories présentes dans l'air mais aussi celles présentes sous forme latente dans la vapeur d'eau. Si l'eau est plus froide que l'air entrant, l'humidité contenue dans l'air se condense et fournit de l'énergie supplémentaire. Cerise sur le gâteau l'échangeur ne craint pas l'humidité et permet de piéger dans l'eau les polluants présents dans l'air.« Si on croise de l'air chaud vicié et humide à 35°C avec de l'eau à 5°C, l'air évacué sera refroidi à 5°C et « lavé ». Les calories récupérées par l'eau pourront servir à réchauffer l'air entrant via une pompe à chaleur », illustre Jaouad Zemmouri, conseiller scientifique de Terraotherme.Trois ans de R&D ont été nécessaires pour simplifier au maximum le procédé. Huit brevets sont déjà déposés. La technologie semble particulièrement intéressante pour le chauffage de bâtiments : « Sur un centre aquatique, il est possible de réduire les consommations d'énergie de 60 % », constate Jaouad Zemmouri. Il est aussi par exemple possible de chauffer une classe d'école avec un seul Terrao de 200 à 400 m3/h récupérant uniquement la chaleur de l'air vicié.Autre domaine intéressant : la climatisation. « Les performances permettent de réduire la facture de 30 à 70 % avec, en plus, une hygrométrie contrôlée », souligne Jaouad Zemmouri. Le dispositif peut servir aussi à gérer facilement l'hygrométrie des bâtiments. Alcatel vient ainsi d'équiper en Terrao un hangar de 3 500 m2 afin que le matériel stocké ne souffre plus de l'humidité.« Nous avons déjà installé des Terrao sur des serres, sur une chaufferie bois, des logements et nous venons de signer pour en installer dans des grandes surfaces. Nous cherchons à reprendre une usine à coté de Dunkerque pour produire prochainement en plus grand nombre ces échangeurs. Nous avons réalisé en 2015 un de chiffre d'affaires de 1,1 million d'euros et pensons l’an prochain arriver entre 2,2 et 2,6 millions d'euros », explique la présidente.Emmanuelle Lesquel