Il n'y pas que la méthanisation pour produire du biogaz. Il y a aussi… la méthanation. La différence ? Alors que la méthanisation est un procédé biologique où la matière organique est fermentée pour produire le biogaz, la méthanation est un procédé physico-chimique, où le biogaz - du méthane – est produit à partit de dioxyde de carbone (CO2) et d'hydrogène (H2). Avec le projet Gaya, qui rassemble 11 partenaires autour d'un budget de 57 millions d'euros, Engie construit le premier pilote de méthanation utilisant la technique du lit fluidisé dans la Vallée de la chimie, près de Lyon.Le projet, lancé en 2010, devrait démarrer d'ici à la fin de l'année. Il devra permettre de développer et valider plusieurs options. « En complément des plaquettes forestières, plusieurs matières premières seront testées : des déchets forestiers (granulés d'écorces, de paille, etc.) et des résidus de l'agroalimentaire, comme des noyaux d'olives et des coques d'amandes », explique Maxence Gaillard, directeur des opérations à la direction Recherche et technologies d'Engie. Des développements sont à mener depuis les opérations de convoyage et de séchage (qui vise en moyenne 20 % d'humidité) jusqu'aux proportions des déchets à introduire dans le process.Une première en méthanationLa matière première sera, dans un premier temps, gazéifiée avec la technologie de l'Autrichien Repotec. Soumise à une température de 850 °C, elle se décompose en molécules élémentaires : monoxyde de carbone (CO), CO2, eau, méthane, et quelques autres molécules carbonées à chaîne plus longue (des goudrons). « Nous allons faire varier les paramètres pour produire, dès cette étape, un maximum de méthane, d'hydrogène et de CO2 », explique Marie Beissières, ingénieur projet chez Engie. Les gaz seront ensuite lavés, pour éliminer les indésirables, et introduire dans le réacteur de méthanation seulement le CO et H2, ainsi que le méthane déjà produit.L'essentiel de l'innovation se concentre au niveau du réacteur de méthanation. Les chercheurs d'Engie, travaillant avec l'unité de catalyse et de chimie du solide de l'université de Lille-1, ont choisi d'utiliser un catalyseur à base de nickel, opéré à 350 °C et 3 bars. Surtout, la particularité, à cette étape, est d'utiliser un procédé à lit fluidisé. La seule unité (20 GW) en fonctionnement en Europe, à Göteborg en Suède, utilise un lit fixe. « Avec des lits fluidisés, le procédé est beaucoup plus compact, plus flexible, et nécessite donc un investissement moindre », argumente Raphaël Schoentgen, directeur Recherche et technologie d'Engie. Le but est de proposer un prix de vente inférieur à 200 euros/MWh. Le calcul repose sur un rendement global de 56 %, mais qui pourrait atteindre 74 % avec la valorisation de la chaleur.Un rayon de 50 kmA l'issue du projet, dès 2018, Engie souhaite industrialiser sa technologie. Des unités de 0,5 à 20 MW sont envisagées. Une taille compatible avec un approvisionnement local. « Un rayon d'approvisionnement en biomasse de 50 km, et autant pour la commercialisation de ce biogaz de deuxième génération », poursuit Raphaël Schoentgen. Si, sur le pilote, le biogaz sera brûlé dans une chaudière, la finalité du procédé n'est pas la production directe d'énergie, mais l'injection dans le réseau ou l'utilisation en carburant. Albane Canto