Minéraliser les métaux à faible concentration dans les effluents miniers et industriels, à faible coût opératoire… C'est possible grâce à une « vieille » réaction physico-chimique peu énergivore: la cémentation. « La cémentation est un procédé chimique historique, tombé dans l'oubli avec l'arrivée de l'électrolyse. Nous sommes les seuls à la maîtriser industriellement », explique Guillaume Lefort, président de Cleanmetals, la société qui industrialise le procédé de cémentation « optimisée » Elsametal. Elle repose sur le différentiel d'électronégativité des ions métalliques. Plus ce différentiel est élevé, plus la réaction est rapide. Le fer est généralement utilisé comme élément réducteur.De nombreux métaux de base (cuivre, cobalt...) peuvent ainsi être valorisés, ainsi que des métaux lourds (cadmium, plomb, mercure, arsenic, etc.), nobles (or, platine, etc.) ou encore ceux utilisés dans l'électronique (indium, étain, gallium, etc.).La réaction de cémentation produit un métal pulvérulent, avec un taux de pureté très élevé. « Pour le cuivre, nous obtenons une pureté de 98 %. Nous récupérons ad minima 95% du métal contenu en un seul passage, et nous avons déjà récupéré 99 % du cuivre en un seul passage », précise Guillaume Lefort.Cleanmetals a conçu un réacteur pilote, qui permet de démontrer la faisabilité de la technologie et de calibrer une ligne industrielle « Certains paramètres doivent être optimisés en fonction de l'effluent : le pH, la présence de matière organique, ou d'autres métaux... », explique Guillaume Lefort. Le procédé utilise un lit fluidisé de billes de fer, agitées par ultrasons, permettant de régénérer en permanence le métal sacrificiel. Modulaire, il repose sur des unités de 25 m³/heure. La quantité de métal produit est fonction de la concentration initiale de l'effluent : de 17 t/mois pour une concentration de 1 g/l, jusqu'à 342 t/mois pour 20 g/l, avec un rendement d'extraction de 95 % et un fonctionnement en continu. « Le process est automatisé, et la réaction contrôlée, ce qui améliore la cinétique de la réaction, optimise la consommation de fer et augmente la pureté du métal produit », assure Guillaume Lefort.A ce stade le procédé est calé industriellement sur deux métaux, le cuivre ou 900 t de cuivre ont été récupérés d’un résidu minier sur une installation au Chili, et le chrome hexavalent (sur une unité qui a fonctionné jusqu'en 2009 en Suisse). Si l'industrie minière est la cible première du groupe, ce dernier a commencé à se développer en Europe et en France où il est déjà en discussion avec certains clients industriels de l'affinage ou de la transformation des métaux, qui souhaitent traiter leurs effluents pour les rendre compatibles avec les normes environnementales en valorisant certains des métaux contenus.Albane Canto