Une excellente source de protéines. C’est ce que représentent les insectes, ou plus exactement leurs larves, une fois séchés et broyés. Il est également possible d’en extraire une huile (aussi utilisée pour l’alimentation animale), et leurs déjections s’emploient comme fertilisants. Et en plus ils consomment des coproduits agricoles, l’usage des déchets n’étant pas autorisés. « L’Agence européenne de sécurité alimentaire, l’Efsa, a écarté tout risque de prion si les insectes sont nourris à partir d’une alimentation végétale », explique Antoine Hubert, P-DG et cofondateur d’Ynsect.Cette société, basée sur le Génopole d’Évry, a levé 14,2 millions d’euros pour finaliser son démonstrateur et lancer son projet d’unité industrielle – portant le total des fonds collectés à 35 millions depuis sa création, en 2011. Installée à Dôle dans le Jura, l’unité produira d’ici à la fin de l’année une centaine de tonnes de protéines par an, sur un site de 3?000 m², à destination du marché de l’alimentation des animaux domestiques « super-premium ». Ynsect a industrialisé l’élevage du ver de farine, le ténébrion meunier.Un choix guidé par sa capacité à se nourrir de plusieurs types de biomasse, et son calme : il ne vole ni ne saute, ce qui facilite l’automatisation du procédé. « Nous sommes en phase d’ingénierie pour une première usine de plus de 20?000 tonnes de protéines par an, dont la construction débutera en 2018 », précise Antoine Hubert. Une capacité de production qui devrait ouvrir à Ynsect le marché de l’aquaculture, qui nécessite « au moins 10?000 tonnes par an », et qui sera autorisé à utiliser des produits à base d’insectes à partir du 1er juillet 2017.Deux autres sociétés françaises se développent autour de la larve de mouche soldat noire, Mutatec et NextProtein. « Cette petite mouche, non nuisible, a un cycle de croissance et de reproduction extrêmement court », indique Christophe Trespeuch, directeur du développement de Mutatec, dont Veolia est actionnaire et qui bénéficie d’un contrat de partenariat avec l’IRD. La société possède une ferme-pilote à Châteaurenard, dans les Bouches-du-Rhône, et se donne deux ans pour finaliser l’installation de son démonstrateur industriel. NextProtein, de son côté, a choisi d’implanter son site de production en Tunisie. Son unité de 1?500 m² disposera d’une capacité de production d’une tonne (protéine et huile) par jour d’ici à la fin de l’année. « Le but est d’être référencé par les industriels de l’alimentation animale », ambitionne Syrine Chaalala, cofondatrice de l’entreprise avec son mari, Mohamed Gastli. Début janvier, elle a levé 1,3 million d’euros pour boucler son projet. Albane Canto