Pour remplacer les molécules d’origine pétrolière par celles issues de matières renouvelables, plusieurs projets de bioraffineries sont en développement. La Compagnie industrielle de la matière végétale (CIMV) est dans la course et démarre ce mois-ci son pilote sur le site de la SAS Pivert, à Venette, dans l’Oise. CIMV va y installer son procédé d’extraction douce, dit organosolve pour une bioraffinerie lignocellulosique. Les projets des deux entreprises sont complémentaires, le procédé de prétraitement de la matière végétale de CIMV fournissant les composés qui sont ensuite transformés par les équipements de la plateforme technologique Biogis Center de Pivert.« Un mélange d’acides acétique et formique, dans l’eau à 100 °C, à pression atmosphérique, sans catalyseurs, décompose les matières lignocellulosiques », résume Thiery Scholastique, président du directoire de CIMV. La société en extrait de la cellulose, qui représente en moyenne 45 % de la matière végétale, ainsi que des sucres en C5. Ces composés fermentent ensemble pour être transformés en éthanol de deuxième génération, utilisable comme biocarburant, par exemple. « Mais aussi de la lignine, très réactive, avec un bas poids moléculaire, qui peut remplacer la majorité des phénols dans les panneaux de particules », illustre Thiery Scholastique. Et contrairement aux autres projets de bioraffineries, CIMV récupère également de la silice, qui constitue environ 2 % des palles de blé, mais 10 % de celles de riz, pour des applications industrielles. « Nous avons testé notre technique sur plusieurs céréales, la canne à sucre, ainsi que des bois feuillus. À chaque fois, nous valorisons toute la plante, ce qui nous rend compétitif », explique le dirigeant.CIMV a mené ses travaux dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut polytechnique de Toulouse, qui accueille, au sein du laboratoire de génie chimique, son département R&D. Et la société participe depuis plusieurs années à des programmes de recherche soutenus par la Commission européenne.Avec ce pilote de prétraitement, qui a nécessité un investissement de 2,5 millions d’euros, CIMV dispose désormais d’une capacité de traitement de 50 kg de biomasse par heure avec un procédé en continu, soit plus de une tonne par jour. À titre de comparaison, le pilote précédent, de laboratoire, pouvait traiter 25 kg/jour par batch. « C’est la dernière étape avant l’échelle industrielle, pour lequel nous cherchons des partenaires », lance Thiery Scholastique. Albane Canto