Pour améliorer l’impact écologique des bâtiments, Yann Boutin, vice-président, solutions et services, Emea (Europe, Moyen-Orient, Afrique) et Amérique latine chez Johnson Controls, estime nécessaire de miser sur l’automatisation.
Le dérèglement climatique est sans conteste l’un des plus grands défis du 21ème siècle. Parce qu’il est responsable de près de 40% des émissions de gaz à effet de serre, le secteur du bâtiment est l’un de ceux qui ont le plus de potentiel pour accélérer la nécessaire transition écologique.
L’évolution technologique du parc immobilier mondial est déjà en marche, visant davantage d’efficacité énergétique pour tous les bâtiments. Cependant, cette transformation technologique est plus ou moins rapide selon le secteur d’activité. Les écoles publiques, par exemple, par manque de ressources, représentent un large potentiel inexploité pour atteindre les objectifs de décarbonation. La modernisation des bâtiments représente pourtant un enjeu majeur à l’échelle mondiale. Et par modernisation, il faut notamment comprendre automatisation, c’est-à-dire rendre les bâtiments plus intelligents, capables de s’appuyer sur des données à la fois endogènes et exogènes pour limiter leur consommation énergétique.
Sans automatisation des bâtiments, il sera quasiment impossible de respecter les nouvelles normes imposées (décret BACS) ou d’obtenir une certification - HQE Bâtiment Durable (HQE-BD), BREEAM, BBC (Bâtiment Basse Consommation), Effinergie, WELL.... L’automatisation des bâtiments devient progressivement un critère des rapports ESG, qui deviennent par ailleurs obligatoires pour un nombre croissant d’entreprises.
Au-delà du défi écologique, aller vers une gestion simplifiée
Les services classiques tels que le chauffage, la ventilation, la climatisation ou les fonctions simples de domotique sont généralement intégrés aux projets d’automatisation des bâtiments. Mais de plus en plus, d’autres fonctions sont également intégrées, comme l’éclairage, les données et prévisions météorologiques, les dispositifs basse tension, la vidéosurveillance, le contrôle d’accès, ou la détection incendie. Des interfaces ouvertes et standardisées comme BACnet offrent aussi de nombreuses autres possibilités.
Plus qu’une tendance, l’automatisation des bâtiments s’étend de façon significative. Le décret BACS rend obligatoire, à compter du 1er janvier 2025, la présence d’un système de GTB (Gestion Technique du Bâtiment) au sein des bâtiments tertiaires, avec pour objectif législatif une réduction de 50% de leur consommation d’énergie d’ici 2050. Pour les nouvelles installations ou les rénovations, les propriétaires et gestionnaires peuvent être accompagnés financièrement par le dispositif des Certificats d’Economie d’Energie. Une automatisation plus poussée fournit en effet aux exploitants de bâtiments davantage de données pour prendre des décisions plus efficaces et rapides. Ils peuvent par exemple contrôler l’efficacité énergétique de leurs bâtiments de manière plus fiable et identifier proactivement tout dysfonctionnement dans la gestion technique des installations.
Les principaux prestataires de services prennent déjà en charge une partie de la maintenance grâce à des systèmes d’automatisation des bâtiments basés sur le cloud. Leurs responsabilités continueront de s’étendre à mesure que la mise en réseau deviendra de plus en plus complexe. Celle-ci est en effet indispensable pour exploiter pleinement le potentiel encore inexploré d’amélioration de l’efficacité et de la rentabilité.
Nous évoluons dans un environnement qui change très rapidement et les nouvelles exigences - par exemple en matière de cybersécurité - ne peuvent être résolues que par une collaboration continue entre gestionnaires de bâtiments, fournisseurs de services et entreprises technologiques, permettant d’envisager de manière plus durable l’avenir de notre parc immobilier.