«Notre collectivité regroupe 8 000 abonnés pour l'eau et 4 000 pour l'ANC, c'est insuffisant pour mettre en place une filière de traitement ; c'est pour cette raison que nous avons pensé au regroupement », explique François Morvan, vice-président de la communauté de communes de Lanvollon-Plouha, dans les Côtes-d'Armor. Le périmètre d'étude englobe donc 57 communes (issues de six communautés de communes) et 75 300 habitants, dont 17 200 habitations en ANC, soit environ 10 000 mètres cubes de matières de vidange par an. Grâce à une bonne entente des techniciens des Spanc et l'implication forte des élus, un premier diagnostic a été établi. Il a révélé une gestion et une traçabilité disparates, ainsi que des tarifs très différents sur la zone. Les méthodes d'élimination pratiquées par les vidangeurs allaient de l'épandage au dépotage sauvage.
La communauté de communes doit aussi faire face à la pratique ancestrale des agriculteurs qui vidangent les fosses de leurs voisins avec leurs tonnes à lisier. « C'est moins cher, il n'y a pas de toujours de facture et pas non plus de traçabilité. Dans le meilleur des cas, les matières de vidange sont mélangées aux effluents d'élevage », constate Jean-Baptiste Thos, chargé de mission à la communauté de communes.
SOLUTION DE PROXIMITÉ
Le premier objectif commun est de disposer d'un lieu de traitement de proximité, c'est-à-dire situé dans un rayon de 20 kilomètres. Le deuxième est d'améliorer la collecte en veillant au respect de l'agrément par les vidangeurs. Enfin, il s'agit de limiter le coût de la vidange pour les particuliers, qui oscille actuellement entre 150 et 200 euros par intervention.
En 2010, les six communautés ont signé une convention et lancé une étude coordonnée par un bureau d'études pour un coût de 30 000 euros, financé à moitié par l'agence de l'eau et le conseil général. Le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) prévoyait de proposer deux sites et les solutions de traitement techniquement possibles, avec pour objectif d'utiliser les infrastructures existantes : stations d'épuration en sous-utilisation, lagunage, infrastructures de séchage des algues vertes (hors période estivale), unités de méthanisation agricoles. « La station d'épuration de Paimpol accueillait les matières de vidange jusqu'au début 2010, mais a dû stopper pour des raisons de problèmes bactériologiques dans la baie. Elle a affiné le traitement et doit pouvoir accueillir 7 000 mètres cubes dès cette année », explique Jean-Baptiste Thos. Le lagunage a été abandonné pour des raisons techniques et financières (curage).
EN COURS D'ÉTUDE
Les deux dernières solutions sont en cours d'étude. L'unité de méthanisation semble avoir la préférence, car elle valorise les déchets et permet in fine l'exportation de granulés hors du territoire. Le problème, c'est que la première unité (Plélo) est déjà saturée. La construction d'une station d'épuration spécifique (fumière ou unité de traitement sur lit de roseaux) n'est envisagée que si l'on ne peut pas mettre en oeuvre les solutions précédentes. « Les filières de traitement sont nombreuses ; le choix dépend du coût », précise Florence Lievyn, responsable environnement à la Fédération nationale des syndicats de l'assainissement et de la maintenance industrielle ( FNSA).