Des capteurs miniatures, développés par le laboratoire Fluorograph, émanation de la start-up Grapheal et du laboratoire Edytem, peuvent mesurer rapidement sur le terrain des traces de polluants éternels.
Grapheal, une start-up spécialisée dans les biocapteurs, et le laboratoire Edytem, une unité mixte de recherche CNRS/Université de Savoie-Mont Blanc, ont annoncé le 17 avril la mise au point au sein de leur laboratoire commun Fluorograph de capteurs portables pour surveiller la pollution de l’eau aux PFAS. Ces capteurs miniatures sont capables de mesurer directement sur le terrain les traces de pollution liées aux composés per- et polyfluoroalkyles (PFAS) présents dans l’eau. Ce capteur de la taille d’une carte de crédit, capable de réaliser ces tests directement sur le site de prélèvement, simplifie la réalisation des cartes de contamination. Les premiers résultats des tests issus de ces nouveaux capteurs sur la détection dans l’eau d’une des molécules de PFAS les plus communes, le PFOA (acide perfluorooctanoïque), ont montré des seuils de détection de l’ordre de 300 ng/L, c’est-à-dire en dessous du seuil règlementaire de l’Union européenne autorisant au maximum 500 ng/L de PFAS dans l’eau potable.
Un impact environnemental réduit « La sensibilité élevée et la simplicité d’usage du capteur Fluorograph vont permettre de détecter de manière quantitative les PFAS directement sur site et de satisfaire la forte demande de cartographier les zones polluées et de suivre leur évolution », indique Guy Royal, chercheur à Edytem. « C’est un outil précieux pour les chercheurs de terrain, les organismes de réglementation et le personnel chargé de la gestion de l’eau. »« Parce qu’il est produit par électronique imprimée et fait appel à un capteur en carbone, son impact environnemental est très réduit », ajoute Vincent Bouchiat, président de Grapheal. « L’analyse sur le point de prélèvement va créer une réelle simplification logistique, il va permettre d’augmenter la densité des tests tout en réduisant significativement la charge financière liée aux analyses fréquentes de l’eau. Dans ce cadre, Grapheal recherche des partenaires industriels afin d’accompagner l’industrialisation de sa solution et la montée en volume de sa production. »
Best of innovation à Las Vegas Créée en 2019 en essaimage du CNRS, Grapheal est dirigée par les scientifiques à l’origine des technologies mises en œuvre depuis 2010 à l’Institut Néel du CNRS de Grenoble. Les dispositifs développés sont basés sur de nouveaux matériaux carbonés permettant la détection à haute sensibilité de marqueurs chimiques et biochimiques et sont destinés à s’interfacer facilement avec des technologies mobiles telle que le smartphone. Ces innovations ont été récompensés par de nombreux prix, notamment un « Best of innovation award » au CES de Las Vegas en 2022.
La recherche en montagne Le laboratoire Edytem (Environnements, DYnamiques et TErritoires de la Montagne), associe l’Université Savoie Mont Blanc et le CNRS. Il étudie les environnements de montagne en combinant sciences de la Terre, du vivant, et sciences humaines. Il se concentre sur la biodiversité, les impacts du changement climatique, et le développement durable des territoires de montagne. À travers une approche interdisciplinaire, Edytem vise à comprendre les dynamiques naturelles et humaines des montagnes pour y promouvoir une gestion durable. L’Université Savoie Mont Blanc (USMB) compte 18 laboratoires de recherche.