Déjà riche d'un suivi en temps réel de l'état des cours d'eau du département, le système d'information géographique (SIG) du conseil général du Haut-Rhin ajoute cette année une fonctionnalité aussi rare que précieuse : la prévision d'évolution des crues jusqu'à dix jours. Pleinement opérationnelle pour l'hiver prochain, elle a vocation à optimiser la communication au moment de la montée des eaux. « Le standard téléphonique était saturé par des appels en quête de prévision des crues à court ou moyen terme. Désormais, toute la connaissance dont nous disposons sur le phénomène sera mise en ligne, à disposition des élus locaux qui savent interpréter des courbes d'évolution car la plupart sont délégués dans les syndicats mixtes de cours d'eau. Sans se substituer à la communication officielle Vigicrues de l'État, notre information répond aux attentes des acteurs techniques de terrain. De la sorte, le téléphone sera réservé aux réponses urgentes, aux situations de crise », explique Georges Walter, directeur de l'Environnement et du Cadre de vie. Pour assurer la gestion technique de tous les cours d'eau du Haut-Rhin, le conseil général a déjà déployé un réseau de 31 stations de mesure du niveau par capteur radar (installées par Hydrologic). Collectées tous les quarts d'heure, ces données de terrain, combinées aux informations de Météo-France et Météo-Suisse, servent de socle pour le suivi des cours d'eau en temps réel réalisé par l'allemand Kisters. Avec désormais, en seconde fonctionnalité, le modèle de prévision des débits développé par le suisse E-Dric. CINQ MODÈLES MÉTÉO COMBINÉS La première fonction intègre l'historique des hauteurs d'eau, débits et précipitations selon de nombreux paramètres techniques et géographiques. La nouvelle combine cinq modèles météorologiques : les français Aladin et Arpège, les suisses Cosmo-2 et Cosmo-7 et l'européen ECMWF. « Au cumul, nous disposons de prévisions entre 24 heures et 10 jours, dans des mailles de 1 à 10 kilomètres - hors ECMWF qui agit à échelle internationale », souligne Nicolas Kreis, chef du service aménagement des rivières. Les prestataires helvétiques ont l'habitude de traiter de petits cours d'eau et d'intégrer l'impact de la fonte des neiges, deux caractéristiques partagées avec le département alsacien, d'où l'engouement pour leur offre. Rivière par rivière, point de mesure par point de mesure, cinq courbes de couleur différente visualisent ainsi l'évolution prévisible qui est régulièrement réactualisée par les données remontant du terrain. BIENTÔT UNE PRÉVISION DES ÉTIAGES Parmi les évolutions prochaines, il est prévu d'afficher le niveau des crues historiques (décennale, centennale...). Autres ajouts envisagés à terme : reproduire le même dispositif de prévision dans l'hypothèse inverse, celle des étiages, et prévoir les volumes des barrages, eux aussi sous gestion départementale, afin, par exemple, de déterminer l'opportunité de lâchages préventifs lorsque le niveau d'eau se rapproche du déversoir. L'ensemble du dispositif actuel a représenté un coût d'environ 400 000 euros HT, dont 80 % pour l'acquisition des stations de mesure de terrain. La maintenance est chiffrée à 30 000 euros annuels, hors l'abonnement Météo+ de Météo-France, mutualisé avec la cellule de gestion du réseau routier.