Dévoilée cet été par le gouvernement, la nomination d'André Flajolet comme commissaire du Forum mondial de l'eau (FME) est le énième titre de cette notoriété du monde de l'eau, ex-rapporteur de loi sur l'eau, président du Comité national de l'eau (CNE) depuis 2008, à la tête du comité de gouvernance Ecophyto 2018, du comité de suivi hydrologique et de la commission mixte inondation au ministère de l'Écologie. « C'est finalement une seule et même casquette, l'eau et toutes ses problématiques », juge, pragmatique, le député de Béthune, également impliqué au niveau local, membre du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, mais aussi maire de Saint-Venant depuis 1989. Pour tout mener de front, cet habitué des grands raouts du privé a acquis l'art de déléguer. Tout y passe d'ailleurs, de son agenda au service d'eau de sa commune : « L'important, c'est d'instaurer un contrat de confiance dans le travail. »
Le prochain rendez-vous du FME risque malgré tout de lui faire sécher quelques séances à la commission développement durable de l'Assemblée nationale. Car sur sa nouvelle mission quasi diplomatique - remise par Nicolas Sarkozy en personne - les échéances se rapprochent. Outre la rédaction de la déclaration présidentielle, il doit organiser les deux commissions préparatoires du forum et travailler sur ses contributions au G20 et à la conférence de Bonn. En mars 2012, le forum, placé sous le signe des solutions, constituera la dernière étape avant la conférence des Nations unies Rio+20. « De là à prétendre que l'on résoudra tous les problèmes d'accès à l'eau et à l'assainissement, sûrement pas, assume le nouveau commissaire. Mais si on arrivait déjà à créer un référentiel commun sur l'eau et sur l'assainissement, ce serait un grand pas. » Quant à réussir à fédérer les ONG anti-forum qui dénoncent le lobby des industriels sur l'événement, « les thématiques des altermondialistes seront au coeur de nos débats ; ils sont invités ».
La France - qui espère mobiliser quelque 20 000 participants à Marseille, collectivités, scientifiques, pôles de compétitivité ou représentants de l'Union européenne - « ne peut pas être modèle de la parole si les actes ne suivent pas », reconnaît-il. Pour lui, les principaux enjeux nationaux concernent la création d'un service d'assainissement unifié, le renouvellement des réseaux via une intervention de l'État de 3 à 5 milliards d'euros et, surtout, la solidarité active sur les factures d'eau : « En France, l'accès pour tous à l'eau et à l'assainissement dans des conditions acceptables - y compris pour les itinérants - reste une urgence. C'est en ce sens que je ferai une proposition en octobre à l'Assemblée en intégrant les perspectives du sénateur Cambon et les conclusions du CNE. »
Et s'il devait dès aujourd'hui tirer un premier bilan politique, ses principales fiertés iraient au Sage qu'il a conduit en tant qu'élu local sur 223 communes et à la Lema qu'il a menée à bien : « Si la loi n'avait pas rendu leurs redevances constitutionnelles, les agences de l'eau auraient disparu. »