Labellisé par le pôle de compétitivité Advancity en novembre dernier, le programme de recherche Symbio2 développe une façade organique pour les bâtiments, alimentée par les effluents et émissions des bâtiments eux-mêmes. Il ne s'agit pas d'un jardin vertical, mais d'un véritable centre de « production agricole » cultivant des microalgues dans des photo-bioréacteurs. Ces derniers sont des panneaux translucides et creux, dans lesquels croissent les microalgues alimentées par des effluents et l'énergie solaire. Le cabinet X-TU Architects, porteur du projet, travaille sur leur esthétique et leur configuration pour en faire des éléments d'habillage des façades.« L'objectif suprême est la symbiose : construire un système circulaire dans lequel les flux entrants et sortants du bâtiment seront minimisés », explique Olivier Scheffer, directeur R et D chez X-TU Architects. En d'autres termes, un système où tous les effluents et émissions (eaux noires, eaux grises, déchets organiques, CO2, chaleur, froid...) seraient utilisés sans apport externe. Dans ce scénario, fini les rejets en réseaux d'assainissement collectif. Les eaux noires sont méthanisées. Le méthane produit fait fonctionner un système de cogénération qui alimente en électricité les pompes de circulation des eaux. Les eaux grises sont prétraitées par biofiltration, probablement par d'autres souches d'algues - le projet n'est pas encore définitif sur ce point. La biofiltration élimine les composés chimiques dangereux, comme ceux présents dans les détergents. Les eaux noires prétraitées qui contiennent nitrates, phosphates et soufre, sont mélangées avec les eaux grises prétraitées. Ce mélange est enrichi avec du CO2 issu de la cogénération et préalablement dissous. Enfin, la chaleur produite par le cogénérateur réchauffe cette soupe : le repas des microalgues est prêt à être servi dans les photo-bioréacteurs. « L'objectif est d'obtenir chaque jour plusieurs récoltes de microalgues. Ces dernières seront ensuite valorisées par l'extraction de molécules à haute valeur ajoutée : pour l'alimentation, la cosmétique, la santé... », détaille Olivier Scheffer. Une telle installation nécessite un exploitant, d'où l'idée de la mettre en oeuvre au minimum à l'échelle d'un îlot de bâtiments, d'une usine ou d'une tour. « Le projet de recherche débouchera dès 2012 sur les premiers prototypes industriels et, en 2013, sur les premiers démonstrateurs. En parallèle, avec nos partenaires le laboratoire de génie des procécés environnement agroalimentaire (Gepea) du CNRS et la société Algosource technologies, nous affinerons jusqu'à la fin du projet en 2015 la sélection des souches d'algues en fonction des effluents, ainsi que les conditions de culture », annonce Olivier Scheffer.