Le 28 avril dernier, les voitures ont perdu leur place au pied du Mont Saint-Michel. Moins médiatique, le vaste chantier de dragage lancé fin 2011 est lui aussi nécessaire au rétablissement de son caractère insulaire. Il s'agit de redonner de la puissance au Couesnon, petit fleuve côtier débouchant au pied du Mont et équipé d'un nouveau barrage en 2009 (voir Hydroplus n° 190 p. 10). À marée descendante, l'ouvrage doit relarguer l'eau stockée avec un débit suffisant pour entraîner les sédiments vers le large et lutter contre l'ensablement du site. « En 2015, ces travaux s'achèveront avec la destruction de la digue-route et des parkings actuels », annonce Romain Desguée, conducteur d'opération barrage et hydraulique au Syndicat mixte de la Baie du Mont-Saint-Michel, maître d'ouvrage des opérations. Durant quatre ans, les opérations vont s'organiser entre l'amont du barrage, 18 millions d'euros, et l'aval, 9 millions d'euros. « Elles doivent aider les chasses à être plus efficaces », précise Romain Desguée . Dans ce but, la capacité de stockage d'eau va augmenter en amont du barrage. Le fond du lit du Couesnon sera dragué sur 4,7 km, et un réservoir hydraulique de 300 000 m 3 sera creusé dans un ancien méandre de la rivière, l'anse de Moidrey. Le Couesnon acquerra ainsi, d'ici à 2015, une capacité de stockage atteignant 1,4 million de mètres cubes d'eau. « Le débit naturel moyen annuel du Couesnon est d'environ 10 m 3 /s. Grâce aux travaux de dragage et à l'action du barrage, le débit d'eau pendant les lâchers atteindra 100 m 3 /s », d'après Romain Desguée. Au total, 1,2 million de mètres cubes de sédiments seront extraits et décantés dans des bassins aménagés. Dès ce printemps et ce jusqu'en 2015, le syndicat met en œuvre un programme de valorisation des sédiments en agriculture et comme matériau de piste des centres équestres locaux. À l'aval du barrage, le flux des chasses doit également être guidé pour désensabler les abords du Mont. Un seuil de partage sera construit d'ici à 2014 sur près de 2 km. Il orientera une partie des eaux vers l'ouest, l'autre vers l'est, au sein de deux chenaux en cours de creusement. Au total, 850 000 m 3 de sédiments seront remaniés pendant ces opérations. Environ la moitié sera réutilisée dans le cadre des travaux (consolidement de la future digue route par exemple), l'autre moitié sera renvoyée à la mer, puisqu'extraite sur le domaine public maritime. Deux techniques de dragage originales sont mises en œuvre. La première, appelée dragage à l'américaine, consiste à extraire les sédiments par pelleteuses, puis à les mélanger avec de l'eau pour les réinjecter sous pression dans le lit du fleuve, lors des chasses. La seconde est une pelleteuse flottante de la société Big Float, équipée d'un godet capable de relarguer directement les sédiments dans le Couesnon. Contact Syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel, r.desguee@rcm-mtstmichel.fr