Eau potable La résistivité électrique, une méthode de géophysique, a permis d'estimer, en un temps réduit et avec une précision accrue, la carte de vulnérabilité intrinsèque du bassin d'alimentation du captage de Gratte-Sel, dans le Val-d'Oise. La protection des captages est un élément important de la reconquête de la qualité de la ressource en eau. Ainsi, 507 captages ont été désignés comme prioritaires dans le cadre du Grenelle de l'environnement. Celui de Gratte-Sel, sur la commune d'Ambleville, dans le Val-d'Oise, est l'un d'eux. « En juillet 2011, le taux de nitrates atteignait 84 mg/l, pour une norme de potabilité à 50 mg/l, et des pics de produits phytosanitaires à 0,4 µg/l étaient relevés, pour une norme de potabilité à 0,1 µg/l », précise Séverine Charrière, ingénieur hydrogéologue chargée d'études chez In Vivo Agro-solutions. Afin de mieux protéger le captage, Geocarta, Episcentre-Axereal et In Vivo Agrosolutions ont dressé la carte de vulnérabilité de son bassin d'alimentation. Ce travail consiste à identifier les zones intrinsèquement les plus vulnérables aux pollutions diffuses. Pour établir un tel document, In Vivo Agrosolutions utilise le modèle Drastic, une méthode multicritère dont chaque paramètre caractérise un aspect de la vulnérabilité. Dans le cas d'Ambleville, le bureau d'études s'est appuyé sur une cartographie de haute résolution de la résistivité électrique du sol. Pour réaliser les mesures, Geocarta a développé l'ARP (Automatic Resis-tivity Profiling). « Cet appareil de prospection mesure la résistivité électrique ou, en d'autres termes, la facilité avec laquelle un courant traverse la terre », explique Michel Dabas, directeur scientifique de Geocarta. La valeur de la résistivité est fonction de la teneur en eau du sol, de son épaisseur, de sa texture, de son degré de compaction et de sa chimie. « Si un terrain a accueilli un dépôt d'hydrocarbures ou une décharge présentant des fuites, cela se traduit, en termes de résistivité, par une anomalie par rapport à l'en vi ron nement, précise Michel Dabas. Ces anomalies sont bien vi sibles dans les zones agricoles, souvent caractérisées par des terres homogènes. » L'ARP, tracté par un quad, scanne le terrain en continu. Il peut parcourir entre 20 et 30 km par heure, en effectuant une mesure tous les 10 cm, avec trois profondeurs d'investigation : 50 cm, 1 m et 2 m. Les cartes et profils de résistivité ainsi obtenus ont été traduits, via des sondages, en cartes et profils pédolo giques par Dominique Rouiller, ingénieur au service agronomique d'Epis-centre-Axereal . Le bassin d'alimentation du captage de Gratte-Sel s'étend sur 450 ha. « Avec une approche classique, il aurait fallu pas loin d'un sondage tous les 10 m. Et ce travail aurait pris plusieurs se maines », observe Dominique Rouiller. « Avec les données de résistivité, obtenues en une semaine, 35 sondages ont suffi à établir une carte précise des sols », poursuit-il. Ainsi, la géophy sique a permis de mieux renseigner six paramètres du modèle Drastic : la profondeur de la nappe (D), la recharge nette (R), la li tho-logie de l'aquifère (A), le sol (S), la topographie (T) et la perméabilité (C). Et les données de résistivité et pédologiques obtenues constituent une base de données complète pour le site d'Ambleville. Cette étude a été réalisée pour le compte du conseil général du Val-d'Oise et cofinancée par l'Agence de l'eau Seine-Normandie. Contacts Episcentre-Axereal, Dominique Rouiller, drl@episcentre.com Geocarta, Michel Dabas, michel.dabas@geocarta.net In Vivo Agrosolutions, Séverine Charrière, scharriere@invivo-group.com