Dans les Bouches-du-Rhône, la station d'épuration d'Éygalières (3 300 EH) teste actuellement la nouvelle unité SLG (Solid Liquid Gaz) de la jeune PME française Orège. Son procédé innovant pourrait permettre de sécuriser le plan d'épandage du Sivom Durance-Alpilles qui gère un parc de huit petites Step (de 2 000 à 4 000 EH). Jusqu'à présent, les 5 000 m 3 /an de boues pro duites étaient épandues liquides sur près de 200 hectares. « Notre faible capacité de stockage nous oblige à les épandre en continu sur l'année. Avec des problèmes liés aux aléas du temps et aux odeurs », souligne Sébastien Brias, directeur du Sivom. En cas de souci, le syndicat se retourne vers le compostage ou l'incinération, mais voit multiplier par deux à cinq le coût du traitement. « L'épandage agricole reste aujourd'hui la voie de valorisation la mieux adaptée à nos contraintes technico-économiques, mais face à la réglementation et à la pression des riverains, nous cherchons à optimiser notre filière », précise le res-pon sable du Sivom. Avec le cabinet Merlin et Bios Consultant, une étude a été lancée en 2011 pour déterminer la solution la mieux adaptée pour réduire les vo lumes de boues à stocker et les pé riodes d'épandage, entre serre solaire, filtre à bande ou… SLG.
Dans ce cadre, Orège a installé depuis avril dernier, sur la station d'Eygalières, sa première unité mobile SLG d'une capacité standard de 10 m 3 /h. Le procédé assure une hygiénisation et une déshydratation poussée des boues, le tout sans générer d'odeurs. Il s'adaptera aussi à la dépollution de boues industrielles (métaux lourds, hydrocarbures…). Les boues liquides du clarificateur entrent avec 6 à 12 g/l de MS (matières sèches) dans un réacteur compact de 65 litres et sortent entre 300 et 350 g/l de MS. À l'intérieur de l'enceinte, sans chauffage et sans pression, sont injectés simultanément le flux de boues et un flux d'air à débit dix fois plus fort. Dans cette atmosphère contraint se crée une zone de choc qui favorise la séparation entre l'eau et la boue, en éclatant littéralement leurs structures colloïdales. « La coupure est tellement franche que l'eau en sortie est extrêmement claire. Elle atteint moins de 80 ppm en DCO, une performance quasi impossible à atteindre avec les techniques classiques (filtres à bande, centrifugation), affirme Patrice Capeau, directeur scientifique d'Orège. Après une simple séparation gravitaire par big bag, leur volume est réduit de moitié par rapport à un filtre à bande. » Confiante, la société vise dans un premier temps à négocier un contrat de location pour le traitement mobile des stations du Sivom. Un investissement pourrait suivre en 2013. « Nous arrêterons notre décision d'ici à la fin 2012 », précise Sébastien Brias.