Après la détection d'ions perchlorates dans l'eau des forages, les préfets du Nord et du Pas-de-Calais ont décidé le 16 octobre dernier de restreindre la consommation d'eau du robinet pour les bébés et les femmes enceintes de 544 communes de la région. Les autorités s'alignent ainsi sur les recommandations de l'Anses saisie en 2011 par la Direction générale de la santé, qui limitent les taux de perchlorates dans l'eau à 4 µg/l pour les bébés et à 15 µg/l pour les femmes enceintes et allaitantes. Une mesure de précaution qui ne vaut que pour les populations les plus sensibles à ces composés, non classés cancérogènes ou mutagènes, mais susceptibles d'interférer avec les processus d'incorporation de l'iode par la thyroïde. Dans le Nord-Pas-de-Calais, la présence de ces sels de perchlorate serait due à la persistance dans le sol de nombreuses munitions tirées lors de la Première Guerre mondiale. Une hypothèse confirmée par Robin des bois, qui a publié un inventaire des découvertes des munitions entre 2008 et 2011 dans les sept régions du nord et de l'est de la France sinistrées par les guerres de 1870, 1914-1918 et 1939-1945. Les distributeurs d'eau du Nord-Pas-de-Calais sont priés par les autorités de mettre en place des traitements supplémentaires, par résines échangeuses d'ions, membranes ou par dilution. « Certaines grosses collectivités comme Dunkerque devraient rapidement repasser sous le seuil des 4 µg/l mais ce sera forcément plus long pour les plus petites », précise Alain Guillard, directeur adjoint santé publique et environnementale à l'ARS Nord-Pas-de-Calais, qui lance une surveillance à long terme sur ce paramètre. L'agence de l'eau Artois-Picardie sera le principal financeur des travaux nécessaires.