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EAU

Maintenir la qualité au robinet

PUBLIÉ LE 1er MAI 2013
LA RÉDACTION
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Le magazine des professionnels de l’eau et de l’assainissement.
La qualité de l'eau distribuée en France fait régulièrement l'objet de polémiques, du fait de la présence émergente des pesticides et des micropolluants. Sur les paramètres physicochimiques, contrairement à la microbiologie, des dépassements aux normes de qualité sont tolérés temporairement. Ces dérogations, qui concernent aujourd'hui en France prioritairement les pesticides et les nitrates, sont sévèrement encadrées par les autorités sanitaires. Pour éviter ces dépassements, les distributeurs renforcent les filières de traitement, notamment avec du charbon actif. Les procédés par réacteur ont, aujourd'hui, le vent en poupe. Ils pourraient même éliminer dans l'avenir les nombreux micropolluants émergents qui ne sont pas encore soumis à la réglementation. Mais la révision de la directive européenne 98/83/CE relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine est en cours de discussion à Bruxelles. Aboutira-t-elle d'ici à un an à l'allongement de la liste des paramètres de qualité ? Rien n'est moins sûr. Néanmoins, face à cet enjeu, les distributeurs suivent déjà de près les polluants émergents présents dans la ressource et les eaux traitées. 1 NORMES DE QUALITÉ : LES DÉPASSEMENTS EN QUESTION En matière de santé publique, la réglementation est claire. Aucun dépassement n'est toléré sur les paramètres microbiologiques. Mais des dérogations autorisent temporairement des marges sur les polluants chimiques. En France, les chiffres des services d'analyse traduisent un fort respect des normes de qualité de l'eau potable fixées par la directive 98/83/CE. En 2012, Lyonnaise des eaux affichait ainsi sur l'eau distribuée 99,8 % de conformité aux seuils bactériologiques et 99,5 % sur les paramètres physico-chimiques. Idem chez Veolia Eau avec 99,7 % de conformité sur la microbiologie et 99,8 % en chimie. La qualité de l'eau potable est surveillée via 54 paramètres inscrits à l'arrêté du 11 janvier 2007 par le tandem exploitants (chargés de l'autosurveillance) et agences régionales de santé (ARS, responsables du contrôle sanitaire). Compte tenu des risques sanitaires immédiats pour la population, les normes sont draconiennes sur la microbiologie fixant à zéro la valeur des bactéries indicatrices (E. Coli et entérocoques) dans les échantillons prélevés. « Sur la bactériologie, on ne peut pas se permettre de baisser la garde. Nous ne sommes jamais à l'abri d'une contamination du réseau liée à un retour d'eau », souligne Boris David, chef du département environnement et qualité de l'eau à la direction technique de Veolia Eau. Sur cet item, aucune dérogation préfectorale n'est possible face à un dépassement des normes. Dans le Nord-Pas-de-Calais, 31 restrictions d'usage ont ainsi été mises en œuvre en 2010, 20 en 2011 et 26 en 2012. « Les responsables de la distribution sont directement informés et le problème est en général réglé en urgence en deux à trois jours maximum, le temps que les exploitants aient purgé et désinfecté leur réseau », précise Max Thérouanne, responsable du pôle qualité des eaux au département santé environnement de l'ARS Nord-Pas-de-Calais. En cours de finalisation, le dernier bilan triennal 20092011 de l'ARS Provence-Alpes-Côte d'Azur relève encore une problématique chronique de non-conformité bactériologique des captages alpins. « C'est une tendance de fond liée au manque de moyens des petites collectivités rurales de montagne qui ne traitent pas ou très peu l'eau de leurs captages. On note malgré tout des améliorations grâce à la mise en place des périmètres de protection prescrits », explique Hervé Terrien, ingénieur sanitaire responsable de l'eau et des espaces clos à l'ARS Paca. Pour gérer les situations de dépassement des normes de qualité physico-chimiques, les autorités sanitaires font le distinguo entre la limite de qualité réglementaire et l'absence de risque sanitaire. Sur les nitrates, les pesticides ou autres contaminants minéraux naturels (arsenic, sélénium, nickel, etc.), les préfets peuvent accorder des dérogations aux responsables de la distribution. Celles-ci revêtent deux formes : des procédures allégées lorsque des mesures correctives permettent de rectifier la situation en moins de trente jours ou des procédures complètes d'une durée maximale de trois ans, renouvelable deux fois. Les ARS établissent un programme de surveillance sur la période et les exploitants sont chargés de rectifier le tir. « Ces situations ne sont généralement pas considérées à risque, mais il faut du temps pour régler le problème. Dans les solutions possibles, il y a la mise en place d'un traitement complémentaire ou la mobilisation d'une nouvelle ressource, systématiquement associée en amont à des politiques de prévention de la pollution de la ressource via des usages raisonnés des intrants », précise Gilles Boulanger, directeur technique de Lyonnaise des eaux, qui gère aujourd'hui 15 à 20 dérogations sur ses 1 200 contrats, majoritairement liées à des dépassements en pesticides. « Aujourd'hui, nous n'avons plus de problèmes sur les nitrates en eau distribuée, grâce aux plans de reconquête de la qualité de la ressource et aux traitements mis en place. L'essentiel de nos dépassements concerne les micropolluants comme les pesticides. Il faut bien voir aussi que la liste des paramètres chimiques soumis au contrôle sanitaire a quasiment doublé depuis trente ans », observe Daniel Sylvestre, directeur de l'exploitation de la région Grand-Ouest chez Saur. Pour ordre d'idée, l'ARS Paca a établi son programme de contrôle sur 600 pesticides, alors que son territoire, non agricole, est très peu impacté par ces polluants. En appui de la DGS, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) est chargée de l'élaboration des seuils dérogatoires nécessaires à la gestion des dépassements. Depuis 2003, l'agence a déjà rendu 29 avis. En octobre 2012, elle s'est ainsi prononcée pour la possibilité de dépassement de la norme sélénium fixée à 10 µg/l, jusqu'à 30 µg/l. À l'inverse, sur le chrome, son avis de juillet 2012 recommande de revoir à la baisse la valeur actuelle de 50 à 6 µg/l pour intégrer la toxicité du chrome VI. « Face à une situation de dépassement, notre évaluation du risque sanitaire repose sur une méthodologie en plusieurs étapes, précise Pascale Panetier, responsable de l'unité d'évaluation des risques liés à l'eau. Il s'agit d'une part de caractériser le danger du paramètre chimique considéré, d'évaluer ensuite l'exposition de la population à ce composé et de la comparer à la concentration dans l'eau, sans risque pour la santé des consommateurs. Cette dernière étape permet ou non d'envisager une possibilité de dérogation temporaire aux limites réglementaires, le temps que les actions correctives soient mises en place. » 2 TRAITEMENTS : LE BOOM DU CHARBON ACTIF Face aux micropolluants, le charbon actif en poudre, en grains ou en réacteur est aujourd'hui devenu une composante essentielle des traitements d'affinage de l'eau potable. Actuellement, la qualité des eaux de surface évolue vers une augmentation du nombre de micropolluants, présents à des concentrations de plus en plus faibles. En outre, le respect de la limite de qualité sur les trihalométhanes (THM), sous-produits de chloration formés à partir de la matière organique dans les réseaux de distribution, a attisé la vigilance des exploitants. En conséquence, « les nouveaux projets mettent l'accent sur un traitement plus poussé des pesticides et des matières organiques, juge Abdelkader Gaïd, chef du département validation des projets à la direction technique de Veolia Eau. Les collectivités fixent de plus en plus fréquemment le respect de valeurs plus basses que celles imposées par la réglementation, notamment sur certains pesticides et sur le carbone organique total (COT), un indicateur de qualité suivi en usine pour extrapoler la formation des THM dans les réseaux ». « Renforcer les exigences de qualité, c'est un moyen de contrôle sur notre outil de production, confirme Sylvie Thibert, ingénieur qualité de l'eau potable au Sedif, qui a renouvelé en 2011 son contrat avec Veolia et en a profité pour intégrer de nouveaux seuils contractuels. Nous avons abaissé la valeur de THM à 75 µg/l au lieu des 100 µg/l de la norme et introduit un seuil à 0,05 µg/l sur la DEA (déséthylatrazine), au lieu de 0,1 µg/l fixé par la réglementation sur les pesticides. Ce qui nous permet de nous assurer du renouvellement régulier des filtres à charbon actif. » « En quinze ans, le charbon actif s'est imposé dans le traitement de l'eau potable », juge Gilles Boulanger, à la direction technique de Lyonnaise des eaux, qui souligne aussi l'efficacité d'un couplage à l'ozone sur des eaux de surface chargées. Adsorbant les polluants organiques sur sa surface, ce réactif peut être utilisé ponctuellement pour traiter un pic de pesticides sur une eau souterraine ou être intégré dans une filière d'eau de surface. « Depuis quatre ans et demi, les doubles filières de décantation se multiplient. En plus du traitement classique de la turbidité par coagulation, floculation et décantation, un réacteur à charbon actif en poudre est placé en aval de la clarification pour traiter spécifiquement les matières organiques et les pesticides. Il élimine à lui seul 95 % des pesticides et la double barrière obtenue assure des rendements de plus de 80 % sur la matière organique », observe encore Abdelkader Gaïd chez Veolia Eau, qui compte aujourd'hui en France 22 références de son procédé Actiflo Carb. Même tendance chez Stereau, filiale ingénierie du groupe Saur, qui a mis en service pour la première fois fin 2012 son réacteur à charbon actif Carboplus pour éliminer une cinquantaine de pesticides dans l'usine de Poraon (90 m3 /h), à Crozon (Finistère). Sa nouvelle technologie à lit fluidisé et renouvellement continu de charbon actif utilise du charbon en poudre ou en grains selon la nature des polluants, pesticides seuls ou associés à d'autres matières organiques. « Les dosages de charbon actif sont adaptés à l'objectif de qualité, ce qui permet de maîtriser les coûts d'exploitation », souligne Vincent Chastagnol, directeur process et technologies de Stereau, qui possède déjà une deuxième référence de 300 m3 /h à Longeron, en Maine-et-Loire, et trois projets en cours de réalisation, en Corrèze, dans le Gers, et d'ici à un an en Seine-et-Marne. À large spectre, ce type de procédé s'adapte aussi au traitement de nombreux micropolluants émergents. Demain, il pourrait donc permettre aux exploitants de réagir rapidement face à une évolution des normes. 3 POLLUANTS ÉMERGENTS : UNE VIGILANCE NÉCESSAIRE Ils ne font pas encore l'objet de normes de qualité, mais sont déjà présents dans la ressource et parfois dans les eaux traitées. Les polluants émergents sont suivis de près par les services d'eau potable et les autorités sanitaires. Actuellement, plus de 3 000 principes actifs à usage humain sont disponibles sur le marché français du médicament. Révélés grâce au dévelop-pement des méthodes analytiques de détection, les polluants émergents (résidus de médicaments, mais aussi biocides, plastifiants, etc.) sont présents à l'état de trace dans les milieux aquatiques. Anticipant de futures réglementations, les exploitants veillent. Depuis quatre ans, Eau de Paris suit une quarantaine de composés dans la Seine et la Marne. « Nous avons développé des méthodes analytiques de suivi sur sept familles de médicaments. Nous contrôlons l'évolution de leur concentration et l'efficacité de traitement de nos filières sur ces molécules », précise Michel Joyeux, directeur R & D et qualité de l'eau. Saur teste de son côté une nouvelle filière de traitement des résidus de médicament couplant membrane d'ultrafiltration et charbon actif. Depuis deux ans, le groupe a mis en service un pilote de 10 000 m 3/jour à Ferel dans le Morbihan. Le Sedif engrange lui aussi des connaissances depuis dix ans. « Aujourd'hui, nos analyses ne détectent dans les eaux traitées ni résidus médicamenteux ni nonylphénols et parfois des phtalates à des concentrations de l'ordre de quelques nano-grammes. Mais rien ne permet aujourd'hui d'associer des risques sanitaires à des seuils aussi bas, observe Sylvie Thibert, ingénieur qualité de l'eau potable et gestion du risque sanitaire au Sedif. Nous suivons également la performance de nos installations vis-à-vis de la formation de sous-produits d'oxydation qui ne sont pas réglementés, comme les acides halo-acétiques (AHA) par exemple. » En 2008, l'Anses s'était déjà prononcé pour l'ajout de l'acide dichloroacétique à la liste des paramètres réglementaires. Au total, l'agence a rendu 14 avis sur des polluants émergents présents dans les eaux destinées à la consommation humaine. En cours, la révision de la directive eau potable 98/83/CE pourrait aboutir d'ici à un an mais, d'après la DGS, elle ne prévoit pas à ce stade d'intégrer les AHA. D'autres polluants émergents font aujourd'hui parler d'eux : les perchlorates. Détectés pour la première fois à Bordeaux en 2010, ils sont alors associés à une pollution industrielle. En 2011, une nouvelle contamination est découverte à Lille, puis dans toute la région Nord-Pas-de-Calais. L'hypothèse la plus probable est alors une pollution des sols par les dépôts de munitions de la Grande Guerre. L'Anses se prononce pour une restriction de la consommation au-delà de 15 µg/l pour les femmes enceintes et de 4 µg/l pour les nourrissons. En octobre 2012, deux arrêtés sont pris pour 544 communes (1,3 million d'habitants). « Nous continuons les contrôles tous les deux à trois mois pour actualiser progressivement la liste des communes visées. Leurs taux de perchlorates tournent, pour la majorité d'entre elles, entre 20 à 40 µg/l. Les résines échangeuses d'ions agréées pour les nitrates montrent déjà des résultats intéressants, mais toutes les collectivités ne pourront pas s'en équiper à court terme. Le retour à la normale n'est donc pas pour demain », juge Max Therouanne, responsable du pôle qualité des eaux au département Santé Environnement de l'ARS Nord-Pas-de-Calais. Depuis, ces composés ont été retrouvés en Picardie, en Champagne-Ardenne et dans la région parisienne. Eau de Paris a préféré fermer, fin 2012, deux captages contaminés à 15 µg/l. « Nous avons 102 captages ; nous avons donc opté pour une mesure de précaution », juge Michel Joyeux. La régie envisage de mettre en place, d'ici à l'été 2013, un traitement pilote par résines échangeuses d'ions.
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