Rarement l'eau n'aura suscité autant de réflexions en si peu de temps ! En avril et juin, deux rapports, l'un du Conseil économique, social et environnemental, et l'autre du député Philippe Martin, devenu depuis ministre de l'Écologie, s'intéressaient à la gestion de l'eau en agriculture. En juillet, Michel Lesage évaluait la politique de l'eau, tout comme vient de le faire à nouveau Anne-Marie Levraut en septembre dans le cadre de l'action de modernisation de l'État. Ces centaines de pages ont naturellement alimenté la table ronde sur l'eau au menu de la Conférence environnementale. S'il est un peu tôt pour connaître les mesures qui suivront cette concertation annuelle, un certain nombre de constats et de recommandations apparaissent déjà bien partagés. En premier lieu, l'intensité des efforts à mener pour atteindre le bon état écologique des deux tiers des masses d'eau d'ici à 2015. Mais réduire les pollutions diffuses, mieux gérer la qualité des milieux, résoudre les conflits d'usage, accroître l'efficacité des politiques impose quelques remises en question.
Première voie explorée, la gouvernance et en particulier la nécessité de faire évoluer la représentativité des comités de bassins. L'élargissement de leur composition, déjà entrepris par arrêté en mai dernier, se justifie par l'évolution des missions de la politique de l'eau. Autre demande, regrouper les services publics d'eau et d'assainissement, trop petits et trop nombreux. Ils sont encore 35 000, dont 5 000 représentent 80 % de la population.
Deuxième axe de travail, il faut clarifier les responsabilités, notamment sur la gestion des milieux aquatiques. En l'absence de maîtrise d'ouvrage claire, difficile d'espérer améliorer le fonctionnement des cours d'eau. Faut-il créer une compétence spécifique confiée aux collectivités ? Pourquoi pas, mais avec quelles ressources ? La question alimente le débat général sur l'évolution de la fiscalité et en particulier celui du renforcement du principe pollueur-payeur.
Enfin, l'articulation de la politique de l'eau avec celles de l'urbanisme, de l'agriculture, de l'aménagement du territoire et de l'industrie reste à construire. Elle est au cœur d'une gestion quantitative et qualitative efficace de la ressource.