Le forum Innov'Eco de juin 2013, consacré à la ressource en eau, a salué trois projets de recherche à fort potentiel de valorisation. Parmi eux, celui de Philippe Namour, ingénieur à l'institut des sciences analytiques de l'université Lyon 1. Il a mis au point un concept de microcellule électrochimique qui analyse en quelques secondes les concentrations des métaux dissous toxiques. Avec une conception spécifique, il pourrait même cibler des polluants émergents ou des agents pathogènes dans les eaux naturelles ou polluées. Un outil obtenu par micro-usinage laser d'une couche de diamant dopé au bore (BDD) est pour cela placée sur un substrat silicium créant des électrodes. Une microcellule est ensuite alimentée par l'eau à contrôler, pour permettre une mesure précise des concentrations en jouant sur la tension appliquée aux électrodes. « La méthodologie actuelle de surveillance des masses d'eau appliquée dans le cadre de la DCE, fondée sur l'échantillonnage ponctuel et l'analyse en laboratoire, manque de pertinence écologique, souligne Philippe Namour. Selon l'endroit et le moment où les prélèvements sont réalisés, les concentrations en polluants peuvent varier et l'échantillonnage n'est pas représentatif. Notre concept permet des mesures in situ des métaux dissous, à intervalles de temps adaptés.Il peut aussi constituer un système d'alerte sur site, raccourcissant ainsi les délais de prise de décision. » Après avoir prouvé que ce système fonctionne en laboratoire, son équipe travaille à en préciser les capacités avant de le tester dans l'environnement et de développer des prototypes. Elle envisage des applications commerciales dans les trois ans. D'ores et déjà, le Grand Lyon s'est montré intéressé pour mesurer la charge des rejets de ses quelque quatre cents déversoirs d'orage.