En vingt ans, l'intelligence s'est d'abord imposée dans les usines avant d'investir les réseaux. « Avant, ils étaient quasiment sourds et muets. À présent, ils deviennent enfin largement communicants. Grâce à la géolocalisation des véhicules et aux applications sur smartphones, nous avons une vision précise en temps réel de toutes les opérations réalisées. C'est la révolution de la supervision globale, temps réel, qui couvre la traditionnelle télégestion des usines et la complète avec le pilotage des réseaux et des intervenants », lance Frédéric Renaut, directeur Smart technologies chez Saur.
Ainsi, des équipements communicants plus performants permettent de piloter les réseaux à distance de manière de plus en plus fine. Fabricants et exploitants, de nombreux acteurs participent à ces évolutions. « Aujourd'hui, le support de communication par réseau mobile (GSM/GPRS) a remplacé le RTC ou l'ADSL. Le GSM est très bien adapté au transport de données réseau sur des moyennes distances, pour des transmissions périodiques », précise Roland Crambert, directeur marketing de Sofrel, spécialiste de la télégestion. Sur les réseaux d'eau potable, des data loggers relèvent de manière quotidienne les données des compteurs de sectorisation (débits, pression). En assainissement, ils équipent les déversoirs d'orages et enregistrent les volumes de surverse. Enterrés, ils fonctionnent sur pile ; leur autonomie est donc cruciale. « Nos data loggers (Sofrel LS et LT) bénéficient d'une électronique très faible consommation qui leur confère une autonomie allant jusqu'à dix ans. Et puis, ils sont étanches et immergeables et peuvent être installés dans des environnements difficiles », souligne le responsable de Sofrel.
Toutes les informations enregistrées par les appareils en réseau sont envoyées à un poste central de télégestion. La supervision (Scada) récupère et traite en temps réel l'ensemble des données (sous formes de graphiques, de tableaux de bord…) pour optimiser le pilotage du réseau. C'est le cœur de métier d'Areal. « Dans sa dernière version (5.1), l'intelligence de Topkapi s'est enrichie de traitements de données encore plus poussés, en intégrant par exemple des outils de calculs de débits moyens pour la sectorisation de réseaux d'eau potable », explique Arnaud Judes chez Areal. Lyonnaise des Eaux fonctionne sur une base Topkapi enrichie de ses logiciels de gestion technique alors que Veolia a développé sa propre supervision Lerne. « Nous l'adaptons régulièrement à nos métiers et aux évolutions technologiques. Lerne reçoit par exemple les données issues de capteurs en réseau qui remontent de nos réseaux de télérelevé. Ce qui nous a permis d'implémenter des fonctions de calcul de rendement quotidien et de détection de fuite. Nous allons bientôt le coupler à des outils d'aide à la décision dotés d'algorithmes de détection d'anomalies développés par notre centre de recherches », souligne Christophe Le Toullec, directeur du département réseaux intelligents chez Veolia Eau. « Avec l'augmentation du nombre de données gérées, la supervision est également de plus en plus utilisée comme un frontal de communication qui sert à remonter les données de terrain réseau et usines mais qui s'ouvre aussi aux autres outils logiciels comme les systèmes d'informations géographiques (SIG), les logiciels de modélisation », analyse Arnaud Judes.