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EAU

L'offensive des labos privés

PUBLIÉ LE 1er AVRIL 2014
LA RÉDACTION
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En matière de contrôle sani­ taire de l'eau potable, il y a un avant et un après la loi sur l'eau et les milieux aquatiques (Lema). Avant, tout se passait entre acteurs publics du dépar­ tement. Dépendant des conseils généraux, les laboratoires vété­ rinaires publics d'analyse tra­ vaillaient à des tarifs officiels pour le compte des Ddass, responsables du contrôle sani­ taire. Depuis décembre 2006 et la Lema qui ouvre à la concur­ rence le marché français, deux grandes vagues d'appels d'offres se sont succédé. Deux labora­ toires privés se sont engouffrés dans la brèche, Carso et Eurofins qui détiennent respectivement 25 à 30 % du marché. Bruno Caroff, président de l'Associa­ tion française des directeurs et cadres des laboratoires vétéri­ naires publics d'analyse (Adilva), estime ainsi qu'une dizaine de laboratoires départementaux a déjà mis la clé sous la porte depuis 2006. « Nous sommes confrontés à la logique de cer­ tains groupes industriels qui ont décidé de s'emparer à long terme du marché du contrôle sanitaire de l'eau potable en exerçant un dumping commercial. Cette stratégie devrait les conduire au monopole et on peut imagi­ ner qu'ensuite les tarifs remon­ teront », estime le président de l'Adilva. Aujourd'hui, d'après l'association, les prix pratiqués ont déjà baissé en moyenne de 40 à 50 % par rapport aux tarifs officiels d'avant la Lema. « Mais la qualité des prestations ne peut être équivalente. les labos privés concentrent au maximum les analyses conduisant à une perte de proximité et de réacti­ vité en cas d'urgence sanitaire », observe Bruno Caroff. Les deux groupes partis à l'assaut du marché ont une organisation nationale. Carso est devenu un acteur majeur de l'analyse de l'eau en France avec le rachat en 1997 des activités eau et amiante de l'Institut Pasteur de Lyon (69) sous le nom de Carso-LSEHL. Cette filiale constitue avec deux autres entités, le CAR à Strasbourg (67) et Savoie Labo près de Chambéry (73), le pôle d'analyse de l'eau du groupe. Mais c'est à Lyon qu'est réalisée la majorité des analyses du contrôle sanitaire des eaux. « Une orga­ nisation logistique importante est déployée pour que les échan­ tillons collectés soient livrés et mis en analyse dans notre laboratoire le jour même, quel que soit le lieu de collecte », précise Laurent Slusarek, directeur commercial santé environnement chez Carso, le seul groupe à avoir accepté de s'exprimer. Eurofins Scientific s'est, lui aussi, imposé sur le secteur grâce à l'acquisition de l'Institut Pasteur de Lille en 2011. Un rachat qui l'a mis dans le rouge et obligé à se restructurer en fermant trois sites et en rationnalisant les activités de ses laboratoires de Montpellier (34), Lille (59) et Maxéville (54). Dans ce cadre, toutes les analyses complexes, notamment celles portant sur des micropolluants orga­ niques, sont désormais traitées à Maxéville (Eurofins IPL Est). De leur côté, les laboratoires départementaux d'analyse ont toujours basé leur service sur la proximité. « Depuis la mise en marché public, nous sommes jugés sur le papier et pas sur les services rendus, comme notre capacité d'appui technique », estime Catherine Prodhomme, présidente de l'Association des directeurs et des cadres des labo­ ratoires publics agréés pour les analyses des eaux (Aslae). Les agences régionales de Santé (ARS) sont aujourd'hui chargées de lancer les appels d'offres du contrôle sanitaire dans chaque département. Outre l'obligation de retenir des laboratoires accré­ dités par le Cofrac et agréés par la direction générale de la Santé du ministère, leurs cahiers des charges intègrent trois critères principaux : le délai, la qualité technique et le prix. L'ARS Centre a lancé son premier appel d'offres en 2006, renouvelé de manière échelonnée sur ses six départe­ ments entre 2011 et 2013. Dès le premier tour, le privé s'est dis­ tingué par les prix et les délais. Après la deuxième vague, tous les laboratoires publics ont été évincés. « Dans le cadre de l'appel d'offres, le candidat qui a le plus de points remporte le marché. L'ARS n'a pas à arbitrer, c'est l'application stricte du Code des marchés publics », souligne Pascale Charbois-Buffaut, res­ ponsable de la veille et de la sécu­ rité sanitaire à l'ARS Centre. Dans la région voisine, les dépar­ tements des Pays de la Loire demeurent un fief du public. « Sur notre territoire, certains départements ont besoin d'ana­ lyses des eaux littorales et d'autres, comme la Loire­ Atlantique, sont équipés de réseaux de distribution complexes nécessitant un plan­ ning journalier de réalisation des prélèvements. Pour intégrer ces particularités, nous avons dû détailler nos cahiers des charges ; ce qui a pu différencier les can­ didats sur leur réactivité et leur proximité », souligne Alcime Le Guennnic, du département de veille et sécurité sanitaire à l'ARS Pays de la Loire. Dans le Languedoc-Roussillon, Eurofins réalise le contrôle dans trois dépar­ tements sur cinq et gère la Lozère (48) en cotraitance avec le public. « La situation est cri­ tique, juge Dominique Keller, directeur de la santé publique et de l'environnement à l'ARS de Languedoc-Roussillon. Nous organisons des réunions men­ suelles de suivi avec ce prestataire, car les délais restent très problé­ matiques. Nous sommes d'ailleurs rentrés dans une procédure de pénalités. » C'est en réalité depuis l'été 2011 que l'ARS constate des difficultés avec ce groupe, « liées notamment à la qualité de for­ mation du personnel saisonnier, à la traçabilité des échantillons et au non­ respect des délais de mise en analyse et de rendu des résul­ tats »1 . Les laboratoires dépar­ tementaux d'analyse cherchent à se défendre et planifient des regroupements interdéparte­ mentaux stratégiques. Début 2014, de nouveaux groupements d'intérêt public (GIP) ont ainsi vu le jour, comme Inovalys entre les laboratoires de la Sarthe (72), du Maine-et-Loire (49) et de Loire-Atlantique (44). Labocea réunit désormais les laboratoires des Côtes-d'Armor (22) et du Finis­ tère (29) et Lana (Laboratoires normands associés) ceux de la Manche (50), de l'Orne (61) et du Calvados (14). « En se regroupant, la volonté des laboratoires n'est pas d'être plus compétitifs que le privé, mais de renforcer leur offre technique pour mieux remplir leurs missions de service public », estime Catherine Prodhomme, à l'Aslae. L'alliance fait la force, mais l'échelle interdépartementale suffira-t-elle à sauver les labora­ toires publics de la concurrence du privé ? Rien n'est moins sûr. l
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