Àl'origine, les métiers de l'inspection télévisée répondaient aux demandes de diagnostic des réseaux d'assainissement existants émanant des collectivités ou de leurs fermiers dans le cadre de dysfonctionnements ou de projets de travaux d'aménagement. « Les premières demandes ont concerné des problèmes ponctuels, puis les inspections ont été planifiées régulièrement dans le cadre de la gestion patrimoniale des réseaux », rappelle Bernard Nucci, vice-président du Syndicat national des contrôleurs de réseaux d'assainissement (Syncra). Les campagnes de recherche d'eaux parasites et l'autocontrôle des entreprises de canalisation ont ensuite contribué au développement du marché. Au fil des années et des évolutions technologiques, les matériels d'inspection se sont également perfectionnés, améliorant notablement la précision des expertises : caméras orientables, augmentation des distances d'inspection, résolution des images, numérisation et codage des rapports pour transfert des défauts en cartographie.
Cette tendance à la professionnalisation du métier s'est également traduite dans la réglementation. L'arrêté du 22 juin 2007 relatif à la collecte, au transport et au traitement des eaux usées a imposé aux maîtres d'ouvrage la mise en place d'un contrôle de la réception des travaux réalisés sur les ouvrages de collecte par un opérateur accrédité et indépendant de l'entreprise de travaux. L'accréditation de l'entreprise d'inspection chargée du contrôle repose sur la norme ISO/CEI 17020. Elle est délivrée par le Cofrac et porte sur trois types de prestations : les inspections visuelles, le contrôle d'étanchéité et le contrôle de compactage. Actuellement, selon le Syncra, près de 75 entreprises, filiales des grands groupes et PME, sont certifiées sur le contrôle du neuf. À titre de comparaison, le marché de l'inspection des réseaux en service est constitué de 300 à 400 entreprises qui réalisent également d'autres types de prestations comme les curages et les vidanges.
Mais si l'accréditation a permis d'encadrer la qualité des pratiques sur la réception des réseaux neufs, la forte concurrence, la crise économique et la réduction des aides des agences de l'eau pour l'assainissement provoquent de fortes tensions sur le marché du neuf. Ce contexte pousse les professionnels du contrôle à élargir leurs compétences. « Le métier pourrait s'ouvrir au marché de la déclaration de travaux à proximité des réseaux (DT-DICT), en proposant aux gestionnaires de réaliser la localisation précise des réseaux et le contrôle d'état introduits par la réglementation », observe Bernard Nucci.