Les agences de l'eau vont-elles entrer en résistance ? Non, mais faute de pouvoir de nuisance, elles auront au moins fait un baroud d'honneur. En effet, les six comités de bassin ont clairement exprimé leur colère et leur incompréhension face au prélèvement par l'État de 175 millions d'euros par an pendant les trois prochaines années. Alors qu'en 2014 un prélèvement de 210 millions d'euros, soit près de 10 % de leurs recettes, avait été présenté comme exceptionnel, la pérennisation du dispositif fait ruer dans les brancards les très sages établissements. Dans la motion adressée au ministère de l'Écologie, les comités de bassin s'insurgent contre la méthode et s'inquiètent de ses conséquences. « Cette décision revient à faire des redevances un impôt contrairement au principe affiché selon lequel l'eau paie l'eau », et « elle impactera le montant des aides accordées tant aux acteurs économiques qu'aux collectivités locales déjà fortement touchées par la baisse des dotations de l'État », écrivent-ils.
Dans l'attente de l'adoption définitive de la loi de finances, les conseils d'administration ont à leur tour réagi en refusant de voter le budget. S'il est probable qu'une nouvelle délibération aboutira positivement d'ici à la fin de l'année, les 175 millions manquants pèseront forcément sur les financements accordés par les agences. Aucune d'entre elles ne peut encore évaluer précisément qui va payer les pots cassés. Certes les engagements pluriannuels pris seront tenus mais avec 8 % de moins, les dépenses des trois prochaines années seront comptées ! Les stratégies d'adaptation varient selon les agences. L'une, déjà en difficulté sur l'exercice 2014, réservera ses aides aux projets ultra-prioritaires pour la qualité du milieu. Une autre envisage de baisser ses primes au bon fonctionnement. Une dernière bénit les reports des projets des collectivités locales en 2014 qui lui permettront au moins de digérer le prélèvement 2015. Cette inquiétude est d'autant plus forte que cette diminution de moyens s'accompagne d'un élargissement des missions confiées et d'une pression accrue pour l'atteinte du bon état écologique de la ressource. Deux contraintes incompatibles ? La clôture de l'exercice 2014 et l'évaluation à mi-parcours du 10e programme en 2015 donneront les éléments de réponse.