P lanter des arbres et des haies au milieu des champs, laisser la végétation se développer en bord de cours d'eau ou de pré, réaliser des intercultures, et ne jamais laisser un sol nu. Autant de pratiques agricoles qui pourraient permettre de préserver la qualité et la quantité de la ressource en eau. C'est ce que souhaite promouvoir le programme Agr'eau, mis en place en 2012 par l'Association française d'agroforesterie (Afaf) et l'Agence de l'eau Adour-Garonne. « Le premier objectif du programme est de limiter l'érosion. Les sols nus entraînent le ruissellement et donc le lessivage des engrais et des produits phytosanitaires dans les milieux aquatiques. Cela limite aussi la recharge des nappes », détaille Alain Canet, président de l'Afaf.
Dans le Gers, l'association Arbre & Paysage 32, que dirige également Alain Canet, a de nombreuses années d'expérience dans la plantation de haies et d'arbres champêtres. Un vivier d'exploitations qui pourront faire partie des 300 fermes pilotes sélectionnées sur le bassin par le programme pour illustrer ces bonnes pratiques. « Il s'agit de collecter des références locales basées sur l'expérience des agriculteurs, repérer ce qui fonctionne, mais aussi ce qui ne fonctionne pas, et créer l'émulation entre les professionnels », détaille Laurent Réné, chef de l'unité agriculture à l'agence. Celle-ci finance les actions d'animation et d'accompagnement à 50 % dans le cadre de son 10e programme, soit 250 000 euros sur 2014-2015. « À long terme, l'objectif est d'obtenir des résultats concrets sur la ressource en eau pour démontrer l'intérêt de ces pratiques et faire évoluer la politique de l'agence », ajoute Laurent Réné. En effet, de nombreuses expérimentations locales démontrent les avantages des couverts végétaux pour filtrer l'eau et favoriser sa rétention dans le sol. À l'échelle d'un territoire, ils pourraient aussi agir sur le risque de crues, voire limiter le recours à l'irrigation. Mais il manque un cadre de recherche formalisé. L'agence lance donc un partenariat avec l'Inra pour compléter le programme : acquisition de données sur des parcelles expérimentales, modélisations à l'échelle de bassins versants et étude des aspects socio-économiques, essentiels pour assurer le développement de ces pratiques. « Il ne s'agit pas de cloisonner zones de protection des captages et zones de production agricole. On est dans un modèle gagnant-gagnant à la fois productif et écologique », assure Alain Canet. Pour accélérer la mise en place de ces pratiques, l'Afaf s'est associée à la fondation Good Planet au sein d'un programme complémentaire de plantation d'arbres champêtres auquel participent également des financeurs privés (Antargaz et Coca-Cola). Dans les trois prochaines années, 5 500 arbres seront plantés sur des parcelles agricoles du bassin Adour-Garonne.