Le salon Pollutec proposait en décembre dernier une journée technique autour du projet ANR Mentor (Measurement sites conception method for sewer Network). L'objectif du projet ? « Comme son nom l'indique, il vise à être un guide, un conseil dans la mise en œuvre de la métrologie nécessaire à l'autosurveillance des réseaux d'assainissement », détaille Frédérique Larrarte de l'Ifsttar (Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux), qui coordonne le projet. L'arrêté du 22 juin 2007 préconise aux gestionnaires de réseaux d'assainissement de faire des mesures de débit « aux emplacements caractéristiques » du réseau. « Dans les faits, cela est difficile à mettre en œuvre d'un point de vue organisationnel et technique », détaille Frédérique Larrarte. Pour avoir une vision proche de ce qui se passe dans le réseau, l'idéal est de réaliser une mesure en continu. Mais les réseaux d'assainissement étant gravitaires, avec des géométries de conduites très variées, l'hydraulique des effluents qui y circulent est très complexe, et instrumenter un réseau de manière pertinente peut être compliqué.
Mentor constitue la suite à grande échelle du projet Coachs * (Computations and their applications in channel hydraulics for sewers), qui avait débouché sur la réalisation de quatre guides techniques. Ce nouveau projet aboutira lui aussi à la rédaction d'un ou de plusieurs guides qui permettront d'aider les gestionnaires à placer les capteurs à des endroits stratégiques et représentatifs du fonctionnement du réseau, et à savoir aussi comment optimiser l'exploitation des données. À cet effet, le projet intègre le Laboratoire environnement, ville, société, établi à Lyon et spécialisé en sciences sociales. Il est chargé d'étudier les difficultés organisationnelles, politiques ou sociales qui entourent la mise en place d'une instrumentation intégrée : appropriation des outils par les agents, traduction des données à différents niveaux. Mentor rassemble sept équipes de recherche dont le laboratoire iCube de l'Engees (École du génie de l'eau et de l'environnement de Strasbourg) et le Leesu (Laboratoire eau, environnement et systèmes urbains), le Gemcea (Groupement pour l'évaluation des mesures en continu dans les eaux et en assainissement) et trois gestionnaires de réseaux dont deux publics, Grand Lyon et Nantes Métropole, et un privé, Lyonnaise des eaux. « Il s'agit de mixer des approches expérimentales, proches du terrain et de la complexité des systèmes, et des approches numériques de laboratoire grâce à la modélisation », poursuit la chercheuse. Ce projet, doté d'un budget de 2,9 millions d'euros, aboutira l'année prochaine après plus de quatre ans de travail.