Pour éviter que les réseaux d'assainissement ne soient surchargés, de plus en plus de collectivités ont mis en place des techniques de collecte à la source des eaux pluviales ruisselant sur les voiries, particulièrement chargées en hydrocarbures ou en métaux lourds. Mais peu d'études existent encore sur l'évaluation de leur capacité à traiter des micropolluants. Le projet Roulépur vise donc à tester différents dispositifs expérimentaux de traitement à la source des eaux issues des voiries et des parkings.
« Nous souhaitons étudier des techniques diversifiées adaptables à des contextes différents », affirme Marie-Christine Gromaire, coordinatrice du projet au Leesu (laboratoire eau environnement et systèmes urbains). Quatre techniques ont été sélectionnées. Le Stoppol, développé par Saint-Dizier environnement, dispositif compact et industrialisé, sera testé sous une chaussée parisienne à circulation dense. À Compans (77), en zone périurbaine, le long d'une route départementale, une bande végétalisée associée à un fossé filtrant sera étudiée. Dans le centre-ville de Rosny-sous-Bois (93), il s'agira d'un filtre planté horizontal non infiltrant collectant l'eau de la chaussée et des places de parking environnantes et enfin, à Villeneuve-le-Roi (94), d'un parking perméable végétalisé infiltrant les eaux sans ruissellement développé par la société Ecovégétal.
La liste des micropolluants à suivre sera déterminée à partir de méthodes d'analyse ciblée (en fonction de la littérature existante) et non ciblée. « Nous allons évaluer l'efficacité, mais aussi la durabilité de ces solutions en fonction du contexte urbain, organisationnel ou du type de chaussée », ajoute Marie-Christine Gromaire. En effet, il s'agira de mieux apprécier leur impact environnemental global grâce à l'analyse de cycle de vie (ACV). Par ailleurs, un volet du projet sera consacré à évaluer leur appropriation par les services techniques des gestionnaires (collectivités) pour identifier leur potentiel de diffusion. Roulépur est doté d'un budget de 3 millions d'euros et a été l'un des 13 lauréats de l'appel à projets de l'Onema sur la lutte contre les micropolluants dans les eaux urbaines. Il est d'ailleurs étroitement lié à deux autres projets lauréats : Matriochkas, qui vise à évaluer des techniques de gestion à la source à différentes échelles spatiales dans l'agglomération nantaise, et Micromégas, qui vise à confronter gestion décentralisée (noues, parking perméable, etc.) et gestion centralisée (bassin de rétention) dans l'agglomération lyonnaise. Les trois observatoires en hydrologie urbaine, Opur, Othu et Onevu, se sont coordonnés pour construire ces trois projets de manière complémentaire. Avec l'objectif, à terme, de proposer un guide commun sur la méthodologie d'évaluation de ces techniques alternatives ainsi qu'un séminaire de restitution global.