Moins surveillées que les cyanobactéries planctoniques, les cyanobactéries benthiques accrochées au fond des rivières sous forme de biofilms n'en sont pas moins dangereuses. Dans les gorges du Tarn, elles sont responsables de plus d'une trentaine de décès de chiens en dix ans. « Il y a peu de risque pour les adultes car il faut ingérer les biofilms pour être intoxiqué, mais il peut y en avoir pour les jeunes enfants », explique Jean-François Humbert de l'Institut d'écologie et des sciences de l'environnement de Paris (IEES). Il coordonne l'étude Cyberi (Cyanobactéries benthiques en rivières), financée par l'Onema et les agences Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée Corse, visant à mieux comprendre les conditions de prolifération afin d'envisager une surveillance fiable. Les rivières de la Loue, dans l'est de la France, et du Tarn ont été étudiées de même que des travaux effectués en Nouvelle-Zélande, un pays particulièrement touché. Les rivières peu profondes (moins de 1 mètre) avec un substrat de galets et un courant inférieur à 1 m/s apparaissent ainsi propices à leur développement, d'après les premières conclusions. Par ailleurs, plus les étiages sont longs, plus on remarque une prolifération. Actuellement, pourtant, la surveillance se limite à l'observation des biofilms en surface car les outils basés sur la fluorescence des algues utilisés dans les plans d'eau ne fonctionnent pas sur ce type de cyanobactéries. L'aquascope, un instrument optique, permet néanmoins d'évaluer la surface couverte par les biofilms. « Définir un seuil de couverture au-delà duquel déclencher l'information du public permettrait d'anticiper le risque au lieu d'attendre que les biofilms se détachent », souligne le chercheur qui va participer à l'élaboration d'un programme de surveillance adapté avec les syndicats de rivière locaux. Afin d'améliorer la préven-tion, un second projet, quant à lui, modélisera les biofilms pour tenter de les éliminer en effectuant, par exemple, des chasses d'eau. PRB