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EAU

Le casse-tête de l'amiante

PUBLIÉ LE 1er OCTOBRE 2015
LA RÉDACTION
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Toute l'information de cette rubrique est dans : Hydroplus
Le magazine des professionnels de l’eau et de l’assainissement.
Deuxième source de maladie professionnelle en France et première cause de décès au travail, l'amiante a vu ses seuils réglementaires se durcir au 1er juillet 2015, avec une valeur limite d'exposition professionnelle (VLEP) ramenée à 10 fibres par litre. Les niveaux d'empoussièrement, qui devaient être divisés par dix, ne seront pas modifiés avant la fin de l'année, en raison d'un délai supplémentaire accordé pour mesurer l'efficacité des appareils de protection au regard des nouvelles normes. Cette nouvelle VLEP va obliger les entreprises intervenant sur les réseaux concernés par des fibres minérales asbestiformes à repenser leurs modes opératoires, afin d'abaisser encore les niveaux d'empoussièrement des chantiers et d'augmenter ainsi la protection des opérateurs et des riverains. Par quels moyens ? Zone de travail balisée et interdite au public, opérateurs équipés de combinaisons, gants et appareils respiratoires plus performants, zones d'habillage, de déshabillage et de décontami-nation… Canalisations et autres raccords en amiante-ciment sont d'abord humidifiés, puis démon-tés par désemboîtement, ou par des outils manuels de découpe (marteau burineur, coupe-tubes, scies à main) sous pulvérisation d'eau, en proscrivant tronçonneuse et disqueuse. « En emballant la découpe d'un géo-textile imprégné de surfactant – un produit permettant la fixation des fibres d'amiante –, on diminue encore l'émission de poussières », explique Jean-Yves Toulliou, référent technique amiante chez Canalisateurs de France. Les déchets sont eux aussi traités au surfactant avant conditionnement dans des récipients étanches avec étique-tage spécial, puis évacués vers la filière de traitement ou de stockage adéquate. Mais l'amiante se cache également autour des conduites. Celles d'Eau de Paris sont enduites de goudron pour les protéger de la corrosion, et ce « glutinage » a été renforcé à la chrysotile sur environ un tiers du linéaire. « Trois cents agents de la régie ont donc été formés au risque amiante en milieu confiné pour assurer la maintenance courante », indique François Leblanc, directeur général adjoint à Eau de Paris. Les travaux plus lourds sont confiés à des entreprises spécialisées, comme le prévoit le décret 2012-639 du 4 mai 2012. En effet, pour les travaux d'encapsulage et de retrait total du matériau amianté, seule une entreprise certifiée peut intervenir, alors que dans le cas d'interventions ponctuelles susceptibles de provoquer l'émission de fibres d'amiante, un personnel formé par une entité compétente est suffisant. « Mais il existe toujours des divergences d'appréciation sur le classement de certains travaux, malgré les logigrammes de décision établis par la Direction générale du travail », souligne Jean-Yves Toulliou. De plus, dans la moindre ouverture de tranchée pour intervenir sur un réseau réside potentiellement un problème d'amiante : jusque dans les années 1990, des fibres de chrysotile ont parfois été intégrées à certains enrobés bitumeux pour améliorer leurs performances mécaniques. Malgré un guide d'aide à la caractérisation des voiries publié par la Direction générale du travail (DGT), les collectivités s'interrogent sur la représentativité de leurs repérages avant travaux. Ainsi que sur la fiabilité des laboratoires. « Nous avons parfois obtenu des résultats divergents en envoyant les mêmes carottes à différents labos, pourtant tous accrédités Cofrac », explique Isabelle Thomas, chef de projet au centre travaux de la direction de l'eau de Bordeaux Métropole. Le ministère de l'Écologie, avec l'INRS, le BRGM et les organisations professionnelles du secteur, travaille à définir un protocole-type pour encadrer l'échantillonnage, le prélèvement et l'analyse des enrobés. Autre point à éclaircir : les fragments de clivage d'actinolite, un minéral (rarement) asbestiforme présent dans certains granulats. Réglementairement, ils ne sont pas considérés comme de l'amiante… La DGT a cependant sollicité l'avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire sur leur toxicité. En attendant sa publication, prévue cet automne, entreprises et maîtres d'ouvrage sont invités à appliquer le principe de précaution. Et à payer l'addition : « Le surcoût d'un chantier amianté peut varier de 20 à 40 %, principalement dus à l'évacuation des déchets », estime Isabelle Thomas. David Humbert
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