Début juillet 2015, alors que la canicule fait rage, Belfort accueille le festival de rock les Eurockéennes. En temps normal, l'afflux de festivaliers ne pose pas de problèmes à la station d'épuration gérée en régie. Construite en 1996, elle dispose d'une capacité de 110 000 EH. « La pollution moyenne tourne autour de 70 000 EH », détaille Antoine Burrier, directeur de l'eau et de l'assainissement à la communauté d'agglomération Belfortaine (CAB). Le contenu des WC chimiques du site des Eurockéennes est introduit dans le réseau dans l'un des points les plus éloignés de la Step, générant un temps de séjour long. « Cet été, nous avons connu une canicule très sévère, avec des températures d'effluents et de l'air ambiant jamais atteintes auparavant », indique Antoine Burrier. La température des effluents a augmenté de 8 °C entre début juin et début juillet, et la température de l'air avoisinait les 40 °C. Les effluents en provenance des Eurockéennes sont donc arrivés septiques et sulfurés à la station. Le processus de nitrification-dénitrification a dysfonctionné, et elle a donc rejeté des eaux encore polluées dans le cours d'eau la Savoureuse.
Le cours d'eau étant en étiage sévère, les conséquences ont été immédiates et la faune de la rivière, en particulier les poissons, a connu une forte mortalité. Une catastrophe pour les pêcheurs. Depuis la construction de la station d'épuration, la qualité de l'eau avait en effet permis le développement de nombreuses espèces. Une vingtaine de jours ont été nécessaires pour un retour à la normale. Pendant cette période, la CAB a mis en place un comité de crise journalier avec les services de l'État, et un comité hebdomadaire asso-ciant l'Onema et la fédération de pêche locale. Avec l'aide d'experts externes, il a été montré que le dysfonctionnement provenait de l'aération en limite de capacité. Plusieurs systèmes ont donc été additionnés : turbine d'aération, insufflation d'air type fines bulles. « C'est l'ajout d'un système d'injection d'oxygène pur dans les bassins qui a vraiment permis un retour à la normale », précise le directeur de l'eau et de l'assainissement. Il est toujours installé dans la station en préventif, dans l'attente d'une refonte du système d'aération.
En effet, avant l'accident, il était déjà prévu de rénover les équipements d'aération puisque les automatismes et les dégrilleurs de la station avaient déjà été renouvelés. « La consultation d'un maître d'œuvre était en cours pendant l'événement. Nous avons donc modifié le cahier des charges pour que le futur système soit préparé à ce type d'accident. Les études préliminaires seront bientôt terminées et nous réaliserons ensuite les travaux le plus rapi dement possible », assure Antoine Burrier. L'accident a déjà coûté près de 150 000 euros à la collectivité. Mais elle loue toujours le système d'injection d'oxygène pur et le coût de la dégradation de la Savoureuse est en cours de chiffrage. Une opération de repeuplement en poissons pourrait être mise en place.